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Mobilisation lycéenne : "Quand la jeunesse descend dans la rue, il y a un effet d'entraînement de la population", prévient un sociologue

Les organisations lycéennes appellent au blocage des lycées dès lundi pour dénoncer la réforme des retraites. La dernière fois qu'ils se sont mobilisés, le projet de loi sur le Contrat première embauche en a fait les frais, rappelle le chercheur Vincent Tiberj.
Article rédigé par franceinfo
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Le sociologue Vincent Tiberj. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

"Une fois que la jeunesse descend dans la rue, il y a un effet d'entraînement symbolique de la population", prévient lundi 30 janvier sur France Inter, Vincent Tiberj, sociologue et chercheur au centre Émile Durkheim, alors que les organisations lycéennes appellent au blocage des lycées dès lundi pour dénoncer la réforme des retraites, à la veille de la deuxième journée de grève interprofessionnelle.

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Cette mobilisation de la jeunesse doit être prise au sérieux, car "la dernière fois qu'un mouvement social a empêché une réforme de passer, c'était le CPE", explique Vincent Tiberj. En effet, en 2006, le projet de loi sur le Contrat première embauche à destination des moins de 26 ans a entraîné de nombreux blocages de lycées et d'universités en mars et avril, avant d'être officiellement abandonné.

Le sociologue, professeur des universités à Sciences Po Bordeaux, s'interroge sur le suivi de cette journée de mobilisation, car cette génération "n'a pas connu de grand mouvement social" jusqu'ici. Elle "n'est pas fortement connectée aux syndicats lycéens et étudiants", ajoute-t-il. Mais Vincent Tiberj rappelle que "cette jeunesse a une possibilité de se mobiliser de façon très vaste en utilisant les réseaux sociaux, les pétitions et le militantisme proche".

Une génération sacrifiée ?

Vincent Tiberj estime par ailleurs que les jeunes Français ont de nombreuses raisons de descendre dans la rue lundi et mardi. "La jeunesse, ce n'est pas forcément l'âge de l'insouciance bien au contraire", affirme le sociologue. Il évoque notamment les conditions de précarité qui se sont exacerbées durant la crise sanitaire, avec des jeunes qui "ont connu une période où les jobs étudiants disparaissaient". En ce sens, "pour beaucoup, les études représentent un coût". À cela, s'ajoute le cas de ceux qui appellent les "premières générations", ces jeunes "qui arrivent dans le supérieur pour la première fois dans leur famille et qui ont des problèmes financiers majeurs". Vincent Tiberj détaille aussi les sacrifices qui incombent à cette génération "qui devrait rentrer sur le marché du travail à 21 ans".

"C'est une génération à laquelle on empêche toute bifurcation : ils ont connu Parcoursup qui leur demande de penser dès 18 ans à leur projet professionnel et ils vont subir une réforme qui va les obliger à rentrer sur le marché du travail après leurs études." 

Vincent Tiberj, sociologue et chercheur

à France Inter

Cette mobilisation lycéenne peut être d'autant plus forte que la "politique de la jeunesse" réalisée par le gouvernement se résume principalement "en Parcoursup, la réforme des retraites et le Service national universel (SNU)". Ce qui se joue à travers la mobilisation de la jeunesse lundi c'est donc "une redite du débat qui n'a pas eu lieu lors du débat de l'élection présidentielle", observe Vincent Tiberj. Il rappelle qu'Emmanuel Macron "n'était pas le candidat de la jeunesse", sauf pour "une partie minoritaire".

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