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Filtrage en amont, circuits spécifiques, meilleure communication avec les autres services... Les pistes d'un urgentistes pour désengorger les urgences

Philippe Juvin, le chef du service des urgences de l'hôpital Georges-Pompidou à Paris, a évoqué vendredi sur franceinfo plusieurs solutions pour éviter la saturation des services d'urgence.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Philippe Juvin, chef du service des urgences de l'hôpital Georges-Pompidou à Paris. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Alors que les services des urgences de France entament leur sixième mois de grève pour demander plus de moyens, Philippe Juvin a présenté vendredi 16 août sur franceinfo plusieurs pistes pour résoudre les difficultés auxquelles est confronté le personnel. Le chef du service des urgences de l'hôpital Georges-Pompidou à Paris, également maire Les Républicains de La Garenne-Colombes (Hauts-de-Seine), a notamment évoqué la possibilité de filtrer les arrivées en amont, de créer un parcours dédié pour les personnes âgées et de supprimer les hospitalisations sur brancard.

L'exemple des urgences danoises

Philippe Juvin a vanté les mérites du modèle danois, qui selon lui "a permis de diminuer de 25% l'accès aux urgences". "On ne va pas aux urgences librement. Il faut d'abord téléphoner à un centre, parler avec un médecin ou un personnel paramédical qui dit si le cas nécessite ou pas d'aller aux urgences. S'il ne le nécessite pas, l'interlocuteur trouve un rendez-vous avec un médecin dans les jours suivants." Une solution qui, d'après Philippe Juvin, n'a pas surchargé les médecins de ville : "Leur activité a seulement augmenté de 11%."

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Le chef du service des urgences de l'hôpital Georges-Pompidou envisage également un autre type de filtrage, par âge cette fois-ci. "Il faut qu'on traite différemment les personnes âgées. Ce n'est pas normal d'avoir dans la même file d'attente quelqu'un qui a 20 ans et mal à la gorge et quelqu'un qui a 90 ans et une fracture du col du fémur." Il préconise un parcours dédié aux personnes âgées, "comme on a créé il y a vingt ans des services de gériatrie pour faire face au fait que la population vieillissait." Avec, concrètement, "une porte d'entrée spécifique pour les personnes âgées". Enfin, Philippe Juvin estime que l'engorgement des urgences vient aussi du manque de communication entre ce service et le reste de l'hôpital.

Un des sujets majeurs, c'est de faire en sorte qu'on n'ait plus de gens qui passent une nuit sur un brancard.

Philippe Juvin

à franceinfo

Il estime ainsi à 100 000 le nombre de personnes qui ont été concernées par cette situation en 2018. "C'est absolument scandaleux." Si on ne trouve pas de place pour hospitaliser ces patients dans un autre service dans lequel ils auraient un vrai lit, c'est souvent parce que les services d'urgence sont mal informés. "Je suis aveugle sur le nombre de lits effectivement disponibles dans mon hôpital", confirme le chef des urgences de l'hôpital Georges-Pompidou. Ainsi, il explique que lors des attentats du 13-Novembre, il était censé n'avoir que quatre lits disponibles, selon les informations qui lui avaient été fournies à 20h. "Avec les attentats, on a reçu entre 50 et 60 patients. A minuit, on m'a libéré 50 lits qui existaient en réalité."

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