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Le lanceur d'alerte des "Panama Papers" s'exprime pour la première fois

Il y dresse un réquisitoire sévère contre l'inertie des politiques, de la justice et des médias contre les paradis fiscaux

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Temps de lecture : 2 min
Des millions de documents du cabinet d'avocats panaméen Mossack Fonseca ont été dévoilés par un informateur anonyme. (EYEPRESS NEWS / AFP)

On ne connaît ni son nom, ni sa nationalité, ni sa fonction. La source des révélations des "Panama Papers" prend la parole pour la première fois depuis l'éclatement de l'affaire en avril. Sous le pseudonyme de John Doe, celui qui a diffusé quelque 11,5 millions de documents du cabinet d'avocats panaméen Mossack Fonseca signe un très long manifeste, vendredi 6 mai, dans le journal allemand Süddeutsche Zeitung. Il y dresse un réquisitoire sévère contre l'inertie des politiques, de la justice et des médias contre les paradis fiscaux.

Il offre sa coopération aux justices nationales

L'informateur dépeint sa décision de livrer ces noms à la presse comme une démarche "personnelle", parce qu'il s'est rendu compte "de l'ampleur des injustices" qu'ils dépeignent, explique-t-il, selon la traduction en français du quotidien Le Monde. S'il soutient la décision de la presse internationale de n'avoir pas transmis les document aux justices nationales, il promet sa "coopération" pour les "milliers de poursuites" qui pourraient découler du scandale, à condition que les "lanceurs d'alerte" se voient garantir "l'immunité contre les représailles gouvernementales".

Ce très long texte ne donne que peu de renseignement sur qui se cache derrière cet informateur. "Je ne travaille ni n'ai jamais travaillé pour un gouvernement ou un service de renseignement, ni directement ni en tant que consultant", se borne-t-il à préciser, ne livrant aucun indice sur sa nationalité, son identité ou ses fonctions.

Pour expliquer son geste, il accuse le cabinet Mossack Fonseca, d'avoir "usé de son influence pour écrire et tordre les lois partout dans le monde en faveur d'intérêts criminels pendant plusieurs décennies", protégeant par des sociétés-écrans certes légales "une large palette de crimes qui vont au delà de l'évasion fiscale".

Une critique acerbe du système capitaliste

Le manifeste de John Doe est largement consacré à une critique en règle du fonctionnement des démocraties occidentales. "Pendant 50 ans, les branches exécutive, législative et judiciaire du pouvoir à travers le monde ont totalement échoué à soigner les métastases des paradis fiscaux". Il leur reproche d'avoir ciblé "les citoyens aux revenus bas et moyens" plutôt que les plus riches.

Le lanceur d'alerte s'en prend aussi aux médias, déplorant le "manque de financements" du journalisme d'enquête et le désintérêt de grands médias à son encontre. "Les rédacteurs en chef de plusieurs titres de presse majeurs ont pu consulter des documents issus des 'Panama papers', même s'ils ont assuré le contraire. Ils ont choisi de ne pas les exploiter", révèle-t-il, ajoutant que "même WikiLeaks n'a pas donné suite à de multiples sollicitations".

John Doe livre en conclusion sa vision de l'avenir. "La prochaine révolution sera numérique. Ou peut-être a-t-elle déjà commencé", assure-t-il. Pour lui Internet peut être la clé pour mettre fin à un système capitaliste dévoyé "qui se rapproche davantage d'un esclavage économique".

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