Info franceinfo Un nouveau type d'escroquerie au CPF détecté, des agents de La Poste soupçonnés de corruption

Les escrocs spécialisés dans le détournement de CPF, le Compte personnel de formation, ont développé un nouveau mode opératoire depuis quelque temps. Ils se tournent désormais vers des agents de la Poste.
Article rédigé par Aurélien Thirard
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Les escrocs se tournent désormais vers des agents de La Poste, capables d'accéder à n'importe quel CPF. (MAGALI COHEN / HANS LUCAS)

Une récente note confidentielle de la police à laquelle a eu accès franceinfo démontre qu'un nouveau genre d'escroquerie a fait son apparition, pour récupérer de l'argent stocké dans des Comptes personnels de formation. Si les escrocs ont dû développer un nouveau mode opératoire, c'est parce que l'accès aux CPF est désormais beaucoup mieux sécurisé qu'avant, à cause de précédentes fraudes. Il faut dire qu'elles intéressent les escrocs puisqu'elles rapportent gros. En 2021, elles ont été estimées à 43 millions d'euros, un montant qui baisse depuis, grâce aux mesures mises en place. Pour les escrocs, la seule manière d'agir désormais est de passer par les agents des bureaux de poste, explique cette note confidentielle. 

>> Comment le Compte personnel de formation est devenu la poule aux œufs d'or des escrocs

Pour accéder à ces comptes de formation professionnelle, dont toutes les personnes actives disposent et sur lesquels reposent en moyenne plusieurs milliers d'euros, il faut utiliser un outil numérique ultra-sécurisé, France Connect, dont l'utilisation se fait uniquement via La Poste. Et ce sont les agents des bureaux de poste eux-mêmes qui valident les identités grâce à un smartphone professionnel sécurisé.

40 000 proies potentielles à La Poste 

Depuis le début de l'année, les fraudeurs se procurent d'abord des pièces d'identité, notamment sur le darknet, puis, c'est là qu'ils tentent de corrompre des agents de La Poste. Ces derniers étant recrutés par l'intermédiaire de connaissances ou sur les réseaux sociaux. Ils vont alors valider les identités numériques afin d'accéder aux CPF. Le commanditaire fournit au postier chaque jour une dizaine d'identités à enregistrer par jour, en le rémunérant.

Les agents postiers visés sont des agents publics ordinaires, explique la note confidentielle ; n'importe lequel des 30 000 à 40 000 agents de bureaux de postes peut donc devenir une proie.

Difficile d'en mesurer l'ampleur

Des enquêtes sont en cours afin de savoir si ce nouveau mode opératoire peut être le fait d'un seul et même réseau ou bien si plusieurs escrocs ont eu l'idée de tenter d'agir de la sorte. Impossible pour le moment de connaître le montant de cette nouvelle fraude ni le nombre d'agents de La Poste qui ont été corrompus avec ce stratagème. Pour la commissaire divisionnaire Anne-Sophie Coulbois, cheffe de l'Office central pour la répression de la grande délinquance financière, qui mène les enquêtes sur ce nouveau phénomène, "c'est la preuve supplémentaire de l'adaptation constante des groupes criminels organisés qui sont derrière ces fraudes".

De son côté, La Poste, sollicitée, assure qu'il s'agit d'"un nombre minime" de postiers corrompus, même si elle indique que plusieurs de ces employés ont déjà été licenciés pour s'être laissé embrigader par les escrocs. Toujours selon La Poste, des commanditaires ont été arrêtés et le service sécurité a renforcé la sécurité des smartphones professionnels des agents de la poste pour éviter ces escroqueries. Le service sécurité de La Poste est en lien étroit avec les enquêteurs spécialisés de la police depuis plusieurs mois.

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