François Fillon a évoqué vendredi lors d'une conférence à Tokyo la "rigueur" pratiquée par la France
L'emploi du terme n'est pas anodin de la part du Premier ministre qui le rejetait fermement jusqu'à présent car jugé trop impopulaire auprès des Français.
Vantant devant des hommes d'affaires japonais les mesures d'austérité lancée par Paris, M. Fillon a ainsi qualifié les coupes budgétaires opérées par son gouvernement pour résorber la dette.
"Nous sommes très attentifs à ne pas prendre des mesures qui viendraient stopper la croissance, qui viendraient même handicaper l'effort de recherche et d'innovation" a-t-il commencé.
"C'est la raison pour laquelle dans tous les budgets de l'Etat, le seul qui n'est pas soumis à la rigueur, c'est le budget de l'Enseignement supérieur et de la recherche", a-t-il alors lancé.
Le 25 juin dernier, le Premier ministre affirmait encore: "Il y a des pays qui baissent les rémunérations des fonctionnaires, il y a des pays qui licencient des fonctionnaires, il y a des pays qui réduisent de façon drastique, il y a des pays qui augmentent de plusieurs points la TVA. Si on était amené un jour à mener une politique comme celle-là, oui je dirai que c'est une politique de rigueur".
La France ouverte à l'entrée de Mitsubishi au capital d'Areva
Lors d'un point presse commun avec son homologue japonais Naoto Kan, M. Fillon a fait part de sa volonté de "voir se renforcer l'association entre Areva et Mitsubishi pour la réalisation notamment d'un nouveau réacteur, le réacteur Atmea", un réacteur de moyenne puissance.
"J'ai indiqué en particulier que la France était ouverte à l'entrée de Mitsubishi au capital d'Areva", a souligné le Premier ministre ajoutant que la France et le Japon avaient "depuis longtemps" fait le "choix stratégique" du nucléaire, un choix "que nous avons pleinement assumé et qui fait de nous aujourd'hui des pays leaders dans le monde".
Areva, détenu à plus de 90% par l'Etat français étudie un projet d'ouverture de son capital à hauteur de 15%. Outre MHI qui envisagerait de prendre une part de 2%, le fonds souverain du Qatar s'est déclaré intéressé ainsi que le fonds souverain du Koweit, régulièrement cité par la presse comme étant aussi sur les rangs.
Fillon défend l'euro
Le Premier ministre a par ailleurs estimé que l'euro restait une monnaie forte. "La crise grecque a fait naître de fortes inquiétudes sur l'avenir de l'Europe et de la monnaie unique", a-t-il reconnu, ajoutant que la zone euro venait de traverser "la crise la plus grave de son histoire".
Mais, a-t-il ajouté, cette crise ne découle pas de faiblesses qui seraient inhérentes à la monnaie unique. "C'est une crise de dette souveraine classique, liée à une mauvaise gestion des finances publiques et consécutive à une crise financière dont l'histoire a déjà donné de nombreux exemples".
Il a appelé les entreprises japonaises à ne pas se détourner de l'euro et des investissements en Europe.
"La monnaie unique permet à vos entreprises d'investir dans un pays donné de la zone euro et de vendre ou d'acheter sans risque de change dans tous les pays de cette zone", a-t-il dit, concluant sur ce thème: "Quand une entreprise japonaise produit dans l'eurozone, elle réduit donc son risque monétaire et bénéficie d'une prévisibilité en termes de stabilité des changes et de rapatriement de profits qu'elle n'a pas dans d'autres régions du monde, y compris en Asie."
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