Fiscalité des entreprises : "Ce n'est pas normal qu'une multinationale paye moins d'impôts qu'une PME ou une TPE", fustige Oxfam France
Quentin Parrinello, responsable de plaidoyer sur la justice fiscale chez Oxfam France, estime que taxer les superprofits serait une manière de baisser les prix, d'encourager l'entreprise à augmenter les salaires, mais c'est aussi une mesure de justice envers les autres entreprises.
"Il y a un enjeu à remettre à plat notre système fiscal, car ce n'est pas normal qu'une multinationale paye moins d'impôts qu'une PME ou une TPE", dénonce vendredi 29 juillet sur franceinfo Quentin Parrinello, responsable de plaidoyer sur la justice fiscale chez Oxfam France.
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Selon lui, la mission d'information sur la fiscalité des entreprises voulue par Éric Coquerel est "une bonne idée, car on voit que ce système fiscal ne fonctionne pas". "Quand on a de très grandes entreprises qui font des bénéfices extraordinaires sur le dos de la crise sans être taxées justement, comme Total, ou CMA CGM – groupe de transport maritime – ou des entreprises qui ont des activités en France sans payer un euro d'impôt, comme McKinsey ou General Electric et dans le même temps des PME/TPE qui paient un impôt normal sur leurs bénéfices, on voit bien que quelque chose ne marche pas", poursuit-il.
"Il est normal que Total paye des impôts en France"
Pour expliquer comment un groupe comme Total ne paye pas d'impôts en France, Quentin Parrinello parle de "plusieurs mécanismes" : "Il y a eu l'impact de la crise. Mais sur la dernière décennie, il y a de nombreuses années où Total n'a pas payé d'impôts en France sur ses activités et s'est placée en déficitaire. Il y a des mécanismes d'évasion fiscale, de délocalisation des bénéfices pourtant réalisés en France."
Selon lui, l'enjeu aujourd'hui est "qu'une multinationale soit taxée là où elle a une activité économique réelle".
"Contrairement à ce qu'on pourrait penser, Total a beaucoup d'activités en France. Il n'y a pas que l'extraction de ressources fossiles à l'étranger, il y a aussi la distribution et la vente d'essence qui lui rapportent beaucoup d'argent. Donc il est normal que Total paye des impôts en France."
Quentin Parrinello, responsable de plaidoyer sur la justice fiscale chez Oxfam Franceà franceinfo
Pour Quentin Parrinello, taxer les superprofits serait une manière de baisser les prix, d'encourager l'entreprise à augmenter les salaires, mais c'est aussi une mesure de justice envers les autres entreprises. "Les recettes de cette taxe peuvent être réaffectées à la transition sociale et écologique. C'est aussi la question de : "qui doit payer la facture de cette crise ?", explique-t-il. "Ce n'est pas normal qu'on demande aux citoyens de payer cette facture alors même que des entreprises s'en mettent plein les poches". Ce que demande Oxfam, appuyée par d'autres syndicats et ONG, c'est "de mettre à contribution ceux qui ont profité de la crise pour payer la facture."
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