"Ils n’en ont jamais assez" : l'écœurement des ouvriers de Stellantis face au salaire annoncé de Carlos Tavares
À la sortie de l'usine Stellantis de Poissy, dans les Yvelines, peu d'employés acceptent de réagir au micro sur la rémunération annoncée du patron du groupe, Carlos Tavares. Les actionnaires sont appelés à donner leur avis sur la rémunération du directeur général du géant industriel, qui suscite une nouvelle fois la controverse. Quelque 36,5 millions d'euros, c'est la somme totale que pourrait toucher le patron du quatrième groupe automobile mondial, selon le rapport financier annuel de l'entreprise.
Un homme de 56 ans, qui travaille à la logistique, finit par donner son accord. Il perçoit chaque mois 2 000 euros nets de salaire, bien loin des millions du grand patron. "On ne va pas se comparer à lui, mais... c’est abominable", juge-t-il.
"Gavage, indécent...", lâche Thomas, un peu plus loin. À 51 ans, cet opérateur sur la ligne de production "touche 2 100 euros avec 22 ans d’ancienneté" : "C'est bien gentil de ne pas nous en donner plus, mais il ne faut pas nous en demander plus de l’autre côté. Parce que c’est ce qui se passe en ce moment. Ils n’en ont jamais assez. Il en faut toujours plus !", conclut-il.
"Des patrons bien payés, ça ne me dérange pas du moment que tout le monde en profite. On supprime des échelons hiérarchiques, on charge les postes au maximum."
Thomas, un ouvrier de l'usine Stellantis de Poissyà franceinfo
Même sentiment de colère du côté des syndicats. "36,5 millions d’euros ça fait 100 000 euros par jour, calcule Jean-Pierre Mercier, délégué Sud de l'usine de Poissy. Ce sont ces personnes-là, actionnaires et PDG, qui nous disent à nous, ouvriers, qu’on coûte trop cher".
Le groupe Stellantis fait valoir que le salaire de Carlos Tavares "dépend à 90% de la performance du groupe". Or, "il se porte bien" avec un bénéfice record de 18,6 milliards d'euros l'an dernier. La rémunération de DG, en hausse de 56%, "est donc proportionnelle aux bons résultats réalisés par le constructeur", estime le groupe qui, pour contrer les critiques, met lui en avant la prime d'intéressement de 3 700 euros net reçue cette année par les salariés.
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