Alstom : les points forts et les faiblesses des offres de General Electric et Siemens
Siemens devrait confirmer sa proposition, mardi, indique une source proche du dossier à France 2, après l'entrevue entre ses dirigeants et François Hollande.
Les négociations autour du rachat d'Alstom battent leur plein à l'Elysée, lundi 28 avril. François Hollande s'est invité dans les discussions avec les prétendants au rachat de la branche "énergie" d'Alstom, General Electric (GE) et Siemens.
Le chef de l'Etat a reçu une délégation du groupe allemand, lundi soir. Une source proche du dossier a indiqué à Guillaume Daret, journaliste à France 2, que Siemens devrait confirmer sa proposition mardi. Auparavant, François Hollande a reçu une délégation du groupe américain General Electric, lundi matin. Jeffrey Immelt, le PDG, a évoqué un dialogue "ouvert, amical et constructif".
Alors que les négociations sont en cours et qu'Alstom doit faire connaître sa position mercredi, francetv info dresse la liste des forces et des faiblesses des offres de General Electric et Siemens.
General Electric, la solution préférée d'Alstom
L'offre. Le géant américain, qui compte 305 000 salariés dans le monde et affiche 146 milliards de dollars de chiffre d'affaires, souhaite racheter les actifs d'Alstom dans l'énergie (équipements pour centrales thermiques, énergies renouvelables...). Au total, cela représente plus de 70% de l'activité du groupe et 14 milliards d'euros de chiffre d'affaires.
Les négociations secrètes étaient déjà bien avancées avec le groupe français, pour une transaction estimée par la presse à quelque 10 milliards d'euros. Mais cela ne concernerait pas l'emblématique branche "transport" qui fabrique notamment le TGV.
Les conséquences sur l'emploi. General Electric est déjà bien implanté en France. Les Echos rappellent qu'il emploie 11 000 salariés dans une vingtaine de villes sur le territoire. Le groupe assure que l'emploi en France ne sera pas menacé car les activités des deux entreprises sont complémentaires et non pas concurrentes. Comme signe de de bonne volonté, General Electric a proposé d'installer dans l'Hexagone le siège mondial pour ses éoliennes en mer.
Qui la soutient ? Le PDG d'Alstom, Patrick Kron, penche en sa faveur, selon le Journal du Dimanche. Le groupe Bouygues, premier actionnaire d'Alstom, avec 29,4%, serait lui aussi favorable à l'opération.
De son côté, "Arnaud Montebourg joue une partie serrée pour sauver l'industrie française qui se délite", écrit le Journal du Dimanche. Le ministre de l'Economie et du Redressement productif compte ainsi "multiplier les initiatives pour organiser la possibilité pour la France et Alstom de se donner le choix", a-t-il déclaré lundi. Et de prévenir : "Jour et nuit, nous allons défendre les intérêts de la France."
L'Etat français n'est plus actionnaire d'Alstom depuis 2006. Mais l'exécutif entend peser de tout son poids dans cette affaire après avoir placé la lutte contre le chômage et la réindustrialisation de la France parmi ses priorités. Après sa rencontre avec le dirigeant de General Electric, le chef de l'Etat a rappelé les trois points sur lesquels se portait l'attention des autorités françaises : l'emploi, la localisation des activités (énergie et transports essentiellement) et l'indépendance énergétique de la France.
Siemens, la solution préférée des gouvernements
L'offre. Le groupe allemand a annoncé, dimanche, avoir proposé à Alstom de reprendre son activité énergie contre une somme en cash et "la moitié de sa branche 'transport'", selon les informations du Figaro. Siemens évalue cette activité entre 10 et 11 milliards d'euros. Dans le cadre de cette offre, pas encore formelle, l'entreprise allemande céderait au groupe français le TGV allemand (ICE) et ses locomotives, mais pas les rames de métro.
Si cette hypothèse était retenue, deux nouveaux géants verraient le jour : l'un, autour de Siemens, spécialisé dans l'énergie ; l'autre, autour d'Alstom, dans les transports.
Les conséquences sur l'emploi. Siemens assure vouloir "maintenir les emplois en France pendant au moins trois ans". Le groupe allemand craint visiblement d'affronter General Electric sur ses terres européennes s'il venait à se rapprocher d'Alstom dans l'énergie.
Reste qu'un rachat par Siemens poserait des problèmes en termes de pertes d'emploi : les deux entreprises sont similaires et cela créerait des doublons. Dans le Journal du Dimanche, un connaisseur du dossier s'inquiète d'un possible "bain de sang social".
Qui la soutient ? Le PDG d'Alstom est viscéralement opposé à tout rapprochement avec le groupe allemand. Mais Arnaud Montebourg a du mal à cacher sa préférence pour ce scénario. "Soit on se fait racheter par Boeing, soit on décide de construire un Airbus de l'énergie et des transports. Nous pouvons créer un leader mondial, un champion made in France. Je préfère les géants made in France", a-t-il lancé lundi.
Outre-Rhin, un rapprochement franco-allemand semble également privilégié. Une fusion d'activités entre l'industriel allemand et son concurrent français "offre une grande chance et un gros potentiel en terme de politique industrielle pour l'Allemagne et pour la France", a déclaré de son côté un porte-parole du ministère allemand de l'Economie.
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