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Christophe de Margerie, l'incarnation d'un patron à l'ancienne

Le charismatique PDG de Total, entreprise dans laquelle il a fait toute sa carrière, était apprécié de ses salariés.

Article rédigé par Thomas Baïetto
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le PDG de Total, Christophe de Margerie, le 28 janvier 2014 à Paris. (  MAXPPP)

"C'était vraiment un grand homme". Au lendemain de la mort, lundi 20 octobre, du PDG de Total, les salariés du groupe pétrolier sont sous le choc. Pour beaucoup d'entre eux, Christophe de Margerie n'était pas le visage d'un groupe qui payait trop peu d'impôts en France, ou d'un groupe impliqué dans plusieurs catastrophes industrielles. Non, pour ses salariés, "Big Moustache", relaxé dans une affaire de corruption, était avant tout un patron charismatique et proche de ses collaborateurs. 

Francetv info revient sur le dirigeant qu'il était, modèle d'un patron fidèle à l'ancienne.

Un héritier émancipé

Contrairement à certains de ses collègues, Christophe de Margerie n'a pas hérité de l'entreprise familiale. Mais le PDG de Total est quand même membre de la grande bourgeoisie industrielle française. Sa mère, Colette, est la petite dernière des huit enfants de Pierre Taittinger, le fondateur d'un empire du luxe qui a mêlé champagne (Taittinger), hôtels de luxe (Crillon) et marques célèbres (Baccarat).

Il aurait très bien pu faire carrière dans l'entreprise familiale. "Nous avons longtemps espéré que Christophe dirige le groupe", confiait, en 2007, à L'Expansion son oncle, Pierre-Christian Taittinger. "L'hypothèse a été envisagée à plusieurs reprises, reconnaissait l'intéressé dans les colonnes des Echos en 2010. Mais pas par moi. J'avais envie de faire mes preuves ailleurs".

 L'homme d'une seule entreprise

Au champagne, Christophe de Margerie préfère l'or noir. En 1974, fraîchement diplômé de l'école de commerce ESCP, il entre à la Compagnie française des pétroles, l'ancêtre de Total. Du département budget, où il fait ses premiers pas, à la direction générale de la zone Moyen-Orient, il gravit tous les échelons de l'entreprise jusqu'à prendre les commandes du groupe en 2010.

Un parcours apprécié par les salariés. "Il avait même été syndicaliste [CGC] dans le groupe, rappelle un employé du centre scientifique et technique Jean-Féger, à Pau, au micro de France Bleu BéarnIl connaissait bien tous les tenants et aboutissants, toute la structure et toutes les contingences d'un groupe comme Total." "Il était connu partout dans la maison, partout, insiste un autre dans La République des PyrénéesOn ne pouvait pas techniquement lui raconter d'histoire, il connaissait tout. Cela fait 20 ans que je suis sous sa responsabilité puisque je suis à l'exploration".

Un patron proche de ses employés

Fidèle à l'entreprise donc, mais aussi proche de ses salariés. "Il avait beaucoup de charisme avec les employés. Il pouvait dire bonjour même aux plus petits", explique une salariée à France Bleu Béarn. A tel point que son ancien chauffeur, François, a confié à RTL, mardi matin, tout le bien qu'il pensait de son ancien patron. "Je garde le souvenir de quelqu'un de profondément humain. (...) C'est quelqu'un avec qui on pouvait discuter, qui se préoccupait de vos soucis", témoigne-t-il.

Et l'ancien chauffeur de raconter quelques anecdotes sur l'époque (2002-2007) où il conduisait Christophe de Margerie. "C'est un monsieur qui était souvent en retard, qui pouvait perdre un quart d'heure pour discuter avec un agent de sécurité ou un pompiste, rapporte-t-il. Je me souviens d'une fois où je l'ai amené à un séminaire et où il avait insisté lourdement pour que je dîne. Je me suis retrouvé à table au milieu des directeurs financiers du monde entier parce que je n'avais pas dîné et qu'on était en pleine campagne."

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