Ce que l'on sait de l'enquête sur le crash de l'avion de Christophe de Margerie
Le PDG de Total est mort lundi soir, après que son avion a percuté un chasse-neige sur une piste de l'aéroport de Vnoukovo à Moscou.
L'enquête se poursuit, à Moscou (Russie), pour déterminer les causes du crash de l'avion privé de Christophe de Margerie. Quatre employés de l'aéroport moscovite de Vnoukovo ont été placés en garde à vue et un premier suspect placé en détention préventive, a-t-on appris jeudi 23 octobre.
Au moment du décollage, lundi soir, le jet du PDG de Total a heurté un engin de déneigement qui se trouvait alors sur la piste. Christophe de Margerie et les trois membres d'équipage de l'appareil ont péri dans le drame. Francetv info fait le point sur les derniers éléments de l'enquête.
Comment les enquêteurs travaillent-ils ?
L'enquête sur les causes de l'accident est menée par le Bureau d'enquête pour la sécurité de l'aviation civile russe (MAK). Des experts du Bureau d'enquêtes et d'analyses pour la sécurité de l'aviation civile (BEA) en France sont arrivés mardi soir en Russie pour les assister, précise Alban Mikoczy, correspondant de France 2 à Moscou. Ils sont accompagnés par des représentants de DassaultAviation (l'avion de Margerie était un Falcon 50 fabriqué par Dassault) et de la compagnie Unijet.
#Vnukovo #Margerie : experts B.E.A et représentants Dassault Avation et compagnie Unijet sont arrivés à Moscou, mardi soir.
— Alban Mikoczy (@AlbanMikoczy) October 22, 2014
Les enquêteurs ont débuté l'analyse des boîtes noires en commençant par "la copie des informations d'un enregistreur de bord" et vont étudier "la situation météorologique" et le plan de vol de l'appareil, a indiqué le vice-président du MAK, Sergueï Zaïko. Ces analyses doivent durer "deux à trois jours".
Qui sont les personnes mises en cause ?
Dans les heures suivant le crash, les enquêteurs ont évoqué parmi les pistes "prioritaires" une "erreur des pilotes et les actes du conducteur de la déneigeuse" percutée. Le pilote était cependant un homme expérimenté : à 45 ans, Yann Pican a passé 17 années au service de l'aéronavale. Il y a peu de chance que ce pilote, aguerri à ce type de vols, ne décolle sans autorisation de la tour de contrôle.
Le comité d'enquête russe a par la suite évoqué une "négligence criminelle" de la direction de l'aéroport, qui a échoué à coordonner dûment le travail de ses employés. Le directeur général et son adjoint ont d'ailleurs remis leur démission dans la foulée de l'accident, a annoncé l'aéroport moscovite jeudi.
L'aiguilleur du ciel qui contrôlait le décollage de l'avion de Total était une jeune recrue, une "stagiaire" selon la presse russe, "embauchée en août", d'après une source au sein de l'aéroport. Elle a été mise en garde à vue, a indiqué jeudi le comité d'enquête, aux côtés de son supérieur qui la supervisait, du chef des nettoyeurs de pistes et du responsable du contrôle des vols.
Quelle est la version du conducteur de la déneigeuse ?
Il a été le premier à être mis en cause : Vladimir Martinenko, 63 ans, conduisait le chasse-neige avec lequel l'avion de Christophe de Margerie est entré en collision sur la piste de décollage.
L'homme dit avoir "perdu ses repères". "Je ne me suis pas rendu compte que j'entrais sur la piste, raconte-t-il dans une vidéo amateur de son interrogatoire. L'avion était en train de décoller, je ne l'ai pratiquement pas vu ou entendu parce que ma machine faisait du bruit et qu'il n'y avait pas de lumière."
Face à cette confusion, les enquêteurs ont expliqué que Vladimir Martinenko était ivre au moment de l'accident : selon le comité d'enquête russe, l'homme avait 0,6 grammes d'alcool par litre de sang au moment de l'accident, soit, par comparaison, 0,1 gramme de plus que ne permet la législation en France. La Russie, elle, applique une tolérance zéro en matière d'alcool au volant.
Son avocat avait pourtant démenti mardi les accusations faisant état de son ébriété, invoquant des problèmes cardiaques qui empêchent son client de boire, mais avait ensuite reconnu que son client avait pu consommer "quelques gouttes" d'alcool.
L'aéroport était-il sûr ?
Quatrième aéroport de Russie en nombre de passagers, Vnoukovo est aussi le plus ancien de Moscou : il est le premier à être entré en service, en 1941, en pleine seconde guerre mondiale.
Mais l'aérogare est aussi le théâtre de nombreux accidents. En 2012, un atterrissage sous la neige avait mal tourné et un avion avait fini sa course sur l'autoroute voisine, causant cinq morts. Depuis ce drame, la neige doit être évacuée dès les premiers flocons : c'est pour cela que la déneigeuse était sur la piste lors du décollage du Falcon 50 de Christophe de Margerie.
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