Les patrons de BlackBerry raccrochent
A la suite d'une mauvaise année, la firme Research In Motion s'est choisi un nouveau directeur général.
Leur heure a sonné. Jim Balsillie et Mike Lazaridis, les deux co-PDG et fondateurs de Research In Motion (RIM), la firme qui commercialise le célèbre téléphone BlackBerry, ont démissionné dimanche 22 janvier. Poussés par les investisseurs, ils paient les conséquences d'une série de bides. Le début d'une ère nouvelle au pays du smartphone ?
Un remaniement à la tête
Jim Balsillie et Mike Lazaridis, tous deux âgés de 50 ans, sont remplacés au poste de directeur général par Thorsten Heins, 54 ans. Ce dernier a rejoint RIM en décembre 2007, après plusieurs années chez l'Allemand Siemens. Depuis août 2011, il était l'un des deux directeurs d'exploitation de l'entreprise de Waterloo (Ontario, sud-est du Canada).
Il ne s'agit cependant pas d'un divorce total : Mike Lazaridis devient vice-président du conseil d'administration du groupe. "Il travaillera en étroite collaboration avec M. Heins pour offrir des conseils stratégiques, assurer une transition en douceur et continuer à promouvoir la marque BlackBerry dans le monde", a précisé RIM. Jim Balsillie devient simple administrateur.
Une direction critiquée par les investisseurs
En un an, RIM a perdu quelque 73 % de sa valeur à la Bourse de New York. Si "ce n'est pas en réaction à cela" que les deux hommes ont été poussés vers la sortie, jure Jim Balsillie au Wall Street Journal (article payant en anglais), la direction bicéphale était très critiquée par les investisseurs.
Avant la publication des derniers résultats trimestriels du groupe à la mi-décembre, le fonds d'investissement Jaguar, qui dit représenter avec des actionnaires alliés "un peu moins de 10 %" du capital de RIM, avait appelé au remplacement des deux hommes, voire à l'enclenchement d'un processus de vente. Ils ont finalement eu gain de cause.
Des ratages en série
• Le flop de la tablette. Après un accueil mitigé dans la presse, la tablette PlayBook n'a pas su s'imposer sur un marché dominé par l'iPad d'Apple. Les chiffres du deuxième trimestre 2011 font état de 200 000 tablettes livrées, contre 500 000 au premier trimestre. C'est très loin des 600 000 ventes espérées. Face à l'ampleur du bide, RIM a dû proposer de grosses ristournes. "Dans le même temps, compare le site Presse-citron, Apple a livré 9 millions d’iPad. La PlayBook parvient néanmoins, selon le cabinet IDC, à occuper 4,9 % du marché des tablettes, loin toutefois des 68 % d’Apple et 26,8 % d’Android."
• Un bug sans précédent. Les usagers s'en souviennent. En octobre, une méga-panne a touché la messagerie texte et le navigateur internet des BlackBerry pendant quatre jours, indisposant des millions d'utilisateurs à travers le monde, rappelle Europe 1.fr.
• Des retards de lancement. Enfin, la firme a dû repousser le lancement de son BlackBerry 10. "Officiellement, le système n’arrivera avec ses nouveaux smartphones qu’à la fin de l’année prochaine, suite à l’annonce d’un retard dans la livraison d’une nouvelle génération de puces LTE jugées comme essentielles, écrivait alors le site de PC INpact. Mais selon [une] source, la réalité serait autre : BlackBerry 10 ne serait tout simplement pas prêt."
Revitaliser la gamme
Thorsten Heins a déclaré que sa première priorité serait la commercialisation de la nouvelle gamme de Blackberry 7 à écrans tactiles et la mise au point d'une nouvelle version du système d'exploitation de ses tablettes PlayBook d'ici à février.
L'objectif de Heins est donc d'endiguer la crise. Cité dans le communiqué, ce dernier se veut optimiste et estime que RIM a des atouts à jouer. "Nous avons un bilan solide avec environ 1,5 milliard de dollars de liquidités à la fin du dernier trimestre et une dette négligeable", souligne-t-il. "Si nous continuons à bien faire ce que nous savons faire, je ne vois aucune raison de ne pas figurer dans le top 3 des acteurs du mobile", s'enthousiasme le nouveau PDG dans un entretien au Wall Street Journal (vidéo en anglais).
Méthode Coué
Thorsten Heins a notamment salué le bon accueil réservé au nouveau système d'exploitation BlackBerry 7, et évoqué l'intérêt "encourageant" suscité par les nouvelles déclinaisons pour tablettes et téléphones, PlayBook 2.0 et BlackBerry 10, lors du Salon mondial de l'électronique (CES) de Las Vegas au début du mois.
De son côté, Mike Lazaridis a indiqué qu'il allait renforcer encore son investissement financier dans le groupe. "J'ai tellement confiance dans l'avenir de RIM que j'ai l'intention d'acheter pour 50 millions de dollars supplémentaires d'actions du groupe, si possible, sur le marché ouvert", a-t-il affirmé.
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