France : les difficultés financières de la banque Dexia ont déjà coûté 6,6 milliards d'euros
Dans son rapport de 236 pages publié ce jeudi, la Cour des comptes n'est pas tendre avec la banque franco-belge Dexia. Le texte, disponible en ligne, s'intitule ainsi "Dexia : un sinistre coûteux, des risques persistants ".
Pour rappel, sauvé de la faillite à l'automne 2008, le groupe Dexia a été durement frappé par la crise de la dette, ce qui a rendu nécessaire un second sauvetage en octobre 2011. Au total, le dossier a coûté à ce jour 6,6 milliards d'euros au contribuable français, dont 2,72 milliards pour l'État et le reste pour la Caisse des dépôts (CDC).
Des faiblesses structurelles dès la naissance du groupe
L'institution de la rue Cambon fait valoir que les déboires de Dexia ne s'expliquent pas seulement par les différentes crises survenues à partir de 2007, mais trouvent leur origine au moment de la naissance du groupe, comme elle l'énonce dans l'introduction de son rapport :
"La constitution du groupe transnational Dexia à partir de 1996 a souffert dès l'origine de faiblesses structurelles"
Le modèle financier du groupe bancaire reposait dès ses origines sur un financement de prêt à très long terme par des ressources de court et de moyen terme. "La recherche d'une rentabilité toujours plus élevée et la distribution de dividendes substantiels aux actionnaires ont poussé à une croissance très rapide des actifs du groupe, y compris dans la période précédant immédiatement la crise ", explique ainsi la Cour des comptes.
Le problème, c'est que ce modèle supposait le bon fonctionnement du marché monétaire et un accès facile à ce marché grâce à une bonne notation financière. A partir de 2008 et avec les débuts de la crise financière, ces conditions n'ont plus été réunies, provoquant une grave crise de liquidités dès le mois de septembre de la même année.
La Cour des comptes souligne ainsi que le plan stratégique adopté début 2006 fixait un
objectif de croissance de l'activité de 10% par an pour la période 2005-2015.
Une stratégie qui "a même été accélérée entre mi-2007 et mi-2008 alors que les premiers
signes de la crise à l'été 2007 auraient dû inciter à la prudence ".
Des coûts supplémentaires ?
Évoquant l'avenir, la Cour des comptes souligne "des risques persistants
pour les finances publiques " en raison de fortes incertitudes, notamment
l'évolution de la situation de la zone euro.
Elle juge également "non négligeable " un risque de recapitalisation de la
banque, susceptible d'alourdir la facture pour les États, sans toutefois
avancer de montant.
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