Réforme des retraites : pourquoi les baisses de production d'électricité dues aux grèves n'ont pas de conséquences sur les consommateurs
Les salariés d'EDF ont répondu à l'appel de l'intersyndicale contre la réforme des retraites, mardi 7 février. 30,3% des salariés sont en grève, selon la direction, les centrales nucléaires ont été mises au ralenti, la production d'électricité a baissé de près de 4,5 gigawatt entre lundi et mardi… Pourtant, cela n'a eu aucun impact sur les consommateurs.
Quarante-quatre centrales nucléaires fonctionnent
La première explication tient à la remise en service de nombreuses centrales nucléaires. En ce début février, 44 réacteurs sur 56 fonctionnent, soit deux tiers de la capacité totale de production nucléaire française, assure RTE à franceinfo. Autrement dit, il n'y a plus que douze réacteurs en maintenance. La situation est donc très différente de celle de l'été dernier, en pleine crise énergétique, quand la moitié du parc nucléaire était à l'arrêt, qu'Emmanuel Macron appelait les Français à "être au rendez-vous de la sobriété" et que la Première ministre, Elisabeth Borne, prévenait sur d'éventuels "délestages tournants".
Lundi 6 et mardi 7 février, les deux jours où les grévistes ont baissé les charges, les réacteurs ont tout de même continué à fonctionner et ont produit plus de 60% de l'électricité consommée par les Français, selon éCo2mix, le compteur en temps réel de RTE. Le reste étant issu principalement de l'énergie hydraulique, de l'éolien et du gaz.
Il n'y a pas eu de pic de froid
La deuxième explication tient en quelques mots : il ne fait pas si froid. Les températures sont certes hivernales, mais elles sont dans les normales de saison. La consommation d'électricité étant très liée à la météo, celle-ci est aussi dans les normales de saison. Elle a atteint 72 GW lundi, 74 GW mardi, soit exactement les niveaux de consommation prévu par RTE, comme l'indique la plateforme éCo2mix. Loin des pics hivernaux à 82 GW de la mi-décembre ou de la fin-janvier, quand les températures étaient glaciales et que tous les Français avaient dû monter leur chauffage.
Contacté par franceinfo, RTE affirme qu'il n'y a pas d'inquiétude à avoir dans ces conditions. Le Réseau de transport d'électricité, qui est chargé de s'assurer qu'il y a assez de courant pour que le pays fonctionne, rappelle d'ailleurs qu'il existe un dispositif d'urgence – rarement utilisé – qui lui permet, si la production d'électricité est jugée trop basse, d'envoyer un message aux grévistes pour qu'ils l'augmentent. Ces grévistes, qui sont obligés de maintenir leur poste et de faire quelques actes nécessaires au fonctionnement des centrales nucléaires, thermiques ou hydrauliques, remontent alors la production. RTE n'est pas en mesure de les y obliger mais les grévistes, comme le répètent souvent les syndicats, n'ont pas pour objectif d'atteindre les consommateurs.
Atteindre EDF au portefeuille
Au contraire, les grévistes du secteur de l'énergie sont plus prompts à faire des actions "Robins des bois en rendant l'électricité gratuite ou moins chère pour quelques abonnés. Ce qu'ils veulent, c'est plutôt toucher EDF au portefeuille et à travers l'électricien, l'Etat français. Quand il y a des baisses de charges, d'une part EDF est poussée à importer de l'énergie à l'étranger, mais surtout, elle se retrouve dans l'incapacité de produire une électricité qu'elle a pourtant déjà vendue sur le marché, comme l'a expliqué à franceinfo Nicolas Goldberg, expert énergie au cabinet Colombus consulting. EDF doit alors racheter l'énergie qui n'a pas été produite, ce sont les règles du marché européen.
Contacté par franceinfo, EDF confirme que, à part le report d'un jour ou deux de la maintenance dans les centrales, la principale conséquence des baisses de charge est bien économique mais l'entreprise ne veut pas communiquer sur les montants de cet impact. Dans un tract, la CGT affirme qu'il se compte en "dizaines de millions d'euros".
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