Prix du gaz : l'aide d'urgence pour l'habitat collectif est une décision "au nom de l'égalité et de l'équité des citoyens et des consommateurs", selon la CLCV
Jean-Yves Mano "pense qu'il y a là des mesures à prendre d'encadrement permanent" en vue de la libéralisation du marché du gaz en 2023.
Le gouvernement a annoncé mercredi 16 février un dispositif d'aide d'urgence pour les résidents de copropriétés et locataires de HLM, jusque-là écartés du gel provisoire sur les prix du gaz et l'électricité instauré jusqu'en juin. "Je ne voyais pas comment le gouvernement pouvait faire autrement au nom de l'égalité et de l'équité des citoyens et des consommateurs de ce pays", a réagi sur franceinfo Jean-Yves Mano, président de la CLCV, l'association nationale Consommation logement cadre de vie.
Jean-Yves Mano attend "des mesures d'encadrement permanent" et à "envisager des négociations" en vue de la libéralisation du marché du gaz en 2023. "On envisage de renationaliser EDF. Regardons au niveau du marché du gaz ce qu'il va se passer", ajoute le président de la CLCV. Le gaz "fait partie des besoins essentiels."
franceinfo : Est-ce que la décision du gouvernement vous satisfait ?
Jean-Yves Mano : C'est une décision attendue. Je ne voyais pas comment le gouvernement pouvait faire autrement au nom de l'égalité et de l'équité des consommateurs et des citoyens de ce pays. Certains avaient un avantage salutaire de blocage des prix. Et les autres, non. Le gouvernement a mis du temps à réagir. Mais aujourd'hui, ce n'est pas forcément une aide d'urgence, c'est un système de compensation pour les fournisseurs. Les négociations vont avoir lieu avec l'ensemble des fournisseurs, les syndics de copropriété et les bailleurs sociaux. Nous considérons nous que la CLCV peut être associée à ces discussions pour vérifier éventuellement que les intentions se traduisent très concrètement au bénéfice des consommateurs, quels qu'ils soient. Il est utile parfois d'associer aux décisions les organisations de consommateurs qui sont beaucoup plus pragmatiques que certains technocrates.
Est-ce que vous souhaiteriez des solutions plus durables ?
On s'aperçoit que la libération du marché de l'énergie, qui sont des besoins essentiels pour l'ensemble des consommateurs, ne peut pas être victime de fluctuations, y compris internationales, compte tenu du budget des ménages. Je pense qu'il y a là des mesures à prendre d'encadrement permanent, même si le vent de libéralisme a soufflé un certain temps avec les effets néfastes que nous constatons aujourd'hui.
"J'invite le gouvernement à engager des négociations pour envisager la libéralisation du marché du gaz qui était prévue à fin 2023."
Jean-Yves Mano, président de la CLCVà franceinfo
Compte tenu de ce que nous venons de vivre, peut-être est-il temps de remettre en cause ces décisions-là.
Est-ce que l'idée d'un bouclier tarifaire unique et durable vous paraît une bonne solution ?
Oui. Cela concerne au-delà de ceux qui sont en précarité énergétique. Le problème du prix de l'énergie touche l'ensemble de nos concitoyens. Et il faut avoir une vision plus globale. On envisage de renationaliser EDF. Regardons au niveau du marché du gaz ce qu'il va se passer. Je pense que cela fait partie des besoins essentiels.
Est-ce que la libéralisation du marché du gaz vous inquiète ?
Oui, parce qu'on voit bien quelques exemples à l'étranger avec des hausses spectaculaires. Si, à partir de 2023 ou 2024, on doit comparer en permanence le prix des différents fournisseurs et changer de contrat, cela va être absolument infernal. Évidemment, les fournisseurs compteront sur la négligence des consommateurs. Mois après mois, ils ne vont pas regarder leurs factures en permanence. Donc, il y a un système d'encadrement à trouver qui n'existe pas tel que prévoit l'ouverture du marché à l'horizon 2023.
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