Alors que les ménages voient leurs factures d'énergie augmenter, l'énergéticien EDF est lui-même en difficulté. L'entreprise a annoncé, jeudi 28 juillet, avoir subi une perte historique de 5,3 milliards d'euros au premier semestre. "Y a-t-il déjà eu dans l'histoire d'EDF un semestre dont les chiffres étaient aussi négatifs ? J'en doute beaucoup", a reconnu son PDG Jean-Bernard Lévy lors de la présentation des résultats.Ils s'expliquent notamment par la baisse de la production d'électricité nucléaire depuis le début de l'année : douze des 56 réacteurs en France sont à l'arrêt pour des problèmes de corrosion, et dix-huit autres pour des opérations de maintenance programmées. "Dans une moindre mesure", la production hydroélectrique est également en baisse, a expliqué Jean-Bernard Lévy dans un communiqué.Un effet du bouclier tarifaireCe dernier attribue également les pertes à "l'effet du bouclier tarifaire mis en place en France" pour atténuer l'inflation du prix de l'électricité sur la facture des ménages. Dans ce but, le gouvernement a en effet obligé EDF à vendre davantage d'électricité bon marché à ses concurrents. Ce qui oblige l'entreprise, pour compenser, à acheter de l'électricité sur les marchés, où le prix est particulièrement élevé sur fond de guerre en Ukraine.Le chiffre d'affaires d'EDF est pourtant en forte progression (+ 67,2%), à 66,262 milliards d'euros, soutenu par la forte hausse des prix de l'électricité et du gaz en Europe.C'est donc un groupe en grande difficulté que l'Etat s'apprête à renationaliser, via une offre publique d'achat (OPA) des 16% d'actions non détenues par l'Etat. Son endettement financier net, à 42,8 milliards d'euros fin juin, a été stabilisé par une augmentation de capital de 3,1 milliards d'euros, lancée en mars.