En Equateur, le pari réussi du chocolat équitable pour l’entreprise Pacari
Quatre-ving cinq pour cent des familles produisant du cacao dans le monde gagnent en moyenne un dollar par jour : derrière les beaux paquets des tablettes de chocolat, la face cachée n’est pas toujours reluisante.
Cette situation a toujours scandalisé les fondateurs du chocolatier équatorien Pacari, Carla Barbotó et son mari Santiago Peralta. Ce dernier estime la situation des agriculteurs trop précaires : "Tout le monde parle de la stabilité juridique mais jamais de celle de l’agriculteur. Les bourses des matières premières montent et descendent, ce n’est pas possible, déplore-t-il. Il faut commencer à garantir les revenus de ceux qui produisent notre nourriture . Nous, à Pacari, nous payons beaucoup plus que la concurrence. Notre produit est cher mais les gens comprennent que la qualité se paie .”
Depuis sa création, Pacari développe un réseau de producteurs de cacao biologique payés très au-dessus du prix du marché. Quand la bourse baisse, Pacari garantit des achats à long terme. Une stabilité appréciée par les producteurs, à l'image de Francisco Peñariet : "Les producteurs peuvent mieux planifier leur budget. Ils savent combien ils vont gagner. Ils savent que leur cacao frais ne sera pas payé moins de 48-50 centimes la livre ", explique-t-il. "Avant en 2016, la livre était entre 14 et 16 centimes puis le prix montait à 25, avant de baisser considérablement .”
Les producteurs trop souvent sous la coupe des intermédiaires
Ces variations de prix ont traditionnellement placé les producteurs sous la coupe des intermédiaires. Vendant sa récolte à Pacari, Calixto n’est plus dupe : "Ils ont leurs stratégies. Ils visitent les producteurs en dehors des périodes de récoltes, quand il n’y a pas d’argent qui rentre, et ils t’amènent du riz, de l’huile, du sucre, du maïs, du sel, décrit-il. "C’est gratuit mais en échange, si tu acceptes, tu dois leur vendre au moins la moitié de ta récolte ."
En échange de tarifs élevés, Pacari impose des normes de qualité exigeantes pour fabriquer ses chocolats dans sa chocolaterie de Quito. A la différence des intermediaires, confirme Calixto : "Les intermédiaires n’exigent pas la qualité, seulement que tu leur vendes ta production. Ils paient moins cher mais t’achètent tout, y compris cette gousse attaquée par les insectes. Celle-là par exemple, moi je ne la vends pas, je ne vends que les gousses saines ."
Que ce soit en Equateur, au Pérou ou en Colombie, 3.500 familles (soit environ 40.000 personnes) vivent aujourd’hui plus décemment, grâce à une marque qui accumule les récompenses. Santiago Peralta s'en réjouit : "Jusqu’à maintenant, nous avons gagné plus d'une centaine de prix des International Chocolate Awards, le concours le plus objectif du monde de la chocolaterie ."
Outre ses efforts pour sauvegarder le trésor génétique des meilleurs cacaos d’Amérique du Sud, Pacari met en valeur dans ses chocolats les arômes du continent, comme ses épices et le sel rose de Cusco.
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