Vers un coup de frein à la généralisation du CV anonyme ?
Le CV anonyme ne verra peut-être pas le jour en France. Dans le rapport que l'Agence France Presse a pu se procurer, le groupe de travail préconise de "rendre ce dispositif facultatif", et non plus obligatoire, comme le prévoit la loi de 2006.
Dans la forme, le système ne fait pas l'unanimité des experts : ils fustigent "sa lourdeur, et les éventuels effets pervers qu'il peut introduire dans les processus de recrutement", mais aussi tous les problèmes d'ordre technique qu'il induit : "les coûts, les modalités pratiques".
"En 2015, les jeunes candidats font valoir leur personnalité"
Par ailleurs, les candidatures anonymes ne permettraient pas de "valoriser les différences, et iraient à l'encontre de la liberté de choix des entreprises et des candidats" eux-mêmes.
Jean-Christophe Sciberras, président du groupe de dialogue et ancien patron de l'association nationale des directeurs des ressources humaines (ANDRH), va plus loin: selon lui, le dispositif serait même devenu obsolète, en décalage avec les outils numériques, qui incitent désormais les candidats à "faire valoir leurs différences" , plutôt qu'à les gommer. "Aujourd'hui, on candidate depuis son smartphone ; et les recruteurs eux-mêmes ont bien compris qu'ils ne pouvaient pas toujours favoriser les mêmes profils" , estime Jean-Christophe Sciberras.
Vers des class actions au nom des victimes de discriminations
Depuis 2006 en effet, aucun gouvernement n'a souhaité s'attaquer au problème. Il aura fallu la saisine du Conseil d'Etat par l'association antiraciste la Maison des Potes pour que le sujet redevienne d'actualité. Mais la teneur du rapport ne satisfait pas Samuel Thomas, le délégué général de l'association : selon lui, à part le MEDEF et la CGPME, "il y a un consensus de toutes les organisations de défense des salariés pour demander la publication du décret" , et donc l'application du CV anonyme.
Pour faire face aux discriminations à l'embauche, le rapport fait plusieurs propositions : l'une d'elles préconise l'instauration des recours collectifs, ou "class actions", contre les employeurs qui ne respecteraient pas la loi. Une idée qualifiée de "boîte de Pandore" par le patron du MEDEF Pierre Gattaz, qui vise à nouveau à "terroriser les entrepreneurs" .
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