Enseignant décapité dans les Yvelines : "Il y a un danger d’autocensure chez les professeurs", selon Iannis Roder, enseignant d’histoire-géographie
Iannis Roder, professeur d’histoire-géographie en collège et membre du Conseil des sages de la laïcité, est l’invité des "4 Vérités" de France 2, mercredi 21 octobre.
Après l’assassinat de Samuel Paty par un terroriste islamiste, vendredi 16 octobre, à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), "on ressent à la fois de l’abattement, parce que beaucoup d’enseignants ont l’impression qu’ils ont parlé dans le vide, mais aussi que quand ils rencontrent des incidents, ils n’ont pas été assez soutenus. Il est important d’entendre ce que nous dit le ministre : 'plus de poussière sous le tapis'. Et surtout que les enseignants puissent s’adosser à l’institution", explique Iannis Roder, membre du Conseil des sages de la laïcité, invité des "4 Vérités" de France 2, mercredi 21 octobre.
Les enseignants ont-ils renâclé à divulguer les atteintes à la laïcité ? "Il y a à la fois cette réalité-là : on ne veut pas de problème, on ne veut pas être jugé. Vous savez, un enseignant qui rencontre des difficultés en classe, on va parfois considérer que c’est de sa faute, parce qu’ils ne tiendraient pas ces élèves. On oublie souvent que ceux qui agissent mal ce n’est pas l’enseignant, ce sont les élèves", indique le professeur d’histoire-géographie en collège.
"Ne pas faire de leçon de morale" aux élèves
On compte 935 cas d’entraves aux valeurs de la République entre septembre 2019 et mars dernier. "L’école n’a pas à prendre en compte la sensibilité de chacun. À l’école, c’est le principe même de la laïcité, où quand on vient on laisse son intime à l’entrée, on laisse sa susceptibilité. On va apprendre, on va s’ouvrir au monde, on va découvrir des choses qui sont totalement différentes de ce que l’on peut voir à la maison", confie Iannis Roder.
Comment faire face à des élèves qui font des remarques ? "Surtout, il ne faut pas faire de leçon de morale. Si on veut discuter et faire comprendre aux élèves comment on réfléchit, il faut prendre en compte ce qu’ils disent", conseille-t-il.
Les responsables politiques ont-ils une responsabilité dans ce qui s’est joué ? "J’en veux à certains dirigeants de notre pays d’avoir minimisé, d’avoir voulu mettre la poussière sous le tapis. De ne pas avoir regardé la réalité telle qu’elle était, mais d’avoir imaginé telle qu’ils auraient voulu qu’elle soit", reproche le professeur d’histoire-géographie. Et de conclure : "Il y a un danger d’autocensure chez les professeurs, c’est une évidence."
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