Les salariés de Doux seront payés, mais la menace de licenciements plane
Placé en redressement judiciaire vendredi, le groupe n'a pas obtenu la signature par les syndicats d'une motion de confiance lors d'un comité central d'entreprise.
Des emplois bientôt menacés chez Doux ? Le leader européen de la volaille, placé vendredi en redressement judiciaire, a évoqué mardi 5 juin de possibles licenciements lors d'un comité central d'entreprise (CCE) à son siège de Châteaulin (Finistère), selon les syndicats. La direction a pour sa part rétorqué qu'aucun plan social n'était prévu dans l'immédiat.
"Nous n'avons pas pu nous engager sur le fait qu'il n'y aurait pas de plan social, mais sachez qu'aujourd'hui, ce n'est pas à l'ordre du jour", a indiqué à l'AFP un porte-parole de Doux. Les dirigeants du groupe familial, qui emploie 3 400 personnes, ont échoué à obtenir des organisations syndicales la signature d'une motion de confiance.
Des licenciements dans l'administration
Présentée par le président fondateur du groupe, Charles Doux, cette motion proposait des engagements sur "le maintien des emplois, l'absence de démantèlement du groupe, le refus de présences minoritaires financières ou industrielles au conseil d'administration et la conservation des marques du groupe Doux", selon les organisations syndicales.
Des mesures satisfaisantes, ont-elles indiqué, jusqu'à ce qu'"en fin de réunion, on nous [annonce] une première vague de licenciements [dans l'administratif]. On ne peut pas cautionner des choses comme ça", s'est indigné le délégué central syndical CGT, Raymond Gouiffès. "Il ne faut pas se voiler la face, il y a du licenciement dans l'air (...). Ils [la direction] vont commencer par le siège administratif avant d'atteindre les sites, a pronostiqué la déléguée syndicale FO, Nadine Hourmant.
LA FNSEA demande une réflexion sur la filière
Les difficultés que connaît le groupe Doux ont poussé le président de la FNSEA, Xavier Beulin, à demander mardi au gouvernement de lancer une réflexion plus large, "un peu plus fondamentale" et "un peu plus structurante" sur l'avenir de la filière avicole en France. Il appelle notamment à "faire en sorte qu'on n'ait pas un séisme dans la filière avicole française par des décisions inappropriées" concernant Doux.
Au-delà du règlement des problèmes de court terme, notamment les retards de paiements, il a appelé à "s'interroger sur les difficultés de compétitivité de nos filières françaises par rapport à nos voisins européens. (...) Ça n'est pas tenable dans un contexte quand même très concurrentiel", a-t-il jugé, rappelant que 25% de la volaille consommée en France est importée et que le taux atteint même 40% pour le poulet
Dans l'attente d'une décision gouvernementale
De son côté, le gouvernement a déclaré qu'il allait poser ses conditions pour venir en aide au volailler finistérien, alors que le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, a vivement critiqué le patron du groupe.
L'entreprise "a un problème de financement, le gouvernement est à l'action pour mobiliser les banques pour éviter le dépôt de bilan, avait indiqué vendredi le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault. On ne veut renoncer à rien, on fait tout pour qu'il n'y ait pas de dépôt de bilan," avait-il poursuivi.
Les éleveurs et les salariés seront payés
Les éleveurs qui fournissent le groupe volailler seront quant à eux payés comptant pour leurs prochaines livraisons par l'administrateur judiciaire de l'entreprise, afin que l'activité de Doux puisse se poursuivre au moins à court terme, avait promis lundi soir, à Rennes, le vice-président de la région Bretagne en charge de l'agriculture, Michel Morin.
L'administrateur judiciaire a par ailleurs annoncé que les salaires de mai seraient payés dans la journée.
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