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Vidéo Un ancien directeur d’Ehpad Korian dénonce à "Cash Investigation" les économies sur les repas

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VIDEO. Un ancien directeur d’Ehpad Korian dénonce à "Cash Investigation" les économies sur les repas
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Article rédigé par France 2
France Télévisions

Samuel Royer a travaillé trois ans comme directeur chez Korian, le numéro un des Ehpad commerciaux privés en France avec plus de 24 000 lits. Aujourd’hui, il a décidé de prendre la parole publiquement… Extrait de "Ehpad : l'heure des comptes ?", une enquête de Marie Maurice, diffusée mardi 1er mars 2022 à 21h10 sur France 2.

C’est au siège de Korian qu’est défini le quotidien des Ehpad qu'il gère… au centime près. Les contrôleurs de gestion peaufinent de grands tableurs : des budgets envoyés ensuite aux directeurs des maisons de retraite. A chaque établissement, ses objectifs budgétaires. Premier poste : la restauration. Et dès la première ligne, un acronyme : le CRJ. "C’était un vrai cheval de bataille pour Korian. Le CRJ est le budget alloué pour un résident, soit son 'coût de revient journalier'. Il comprend le petit-déjeuner, le déjeuner, le goûter, le repas et la collation du soir, ainsi que les boissons. Il est de 4,35 euros", explique Samuel Royer, ex-directeur d’Ehpad Korian de 2014 à 2017, au magazine "Cash Investigation" (replay).

Pour tenir cet objectif de 4,35 euros, incluant tous les repas d’une journée, tout est quantifié au gramme près, d’après un document datant de 2016. Et gare à la riposte du siège en cas d’écart avec l’objectif fixé. Chez Korian, il y a même une tradition : le Flop 5. "Les Flops, j’en ai fait partie parce que j'ai continué à servir du fromage envers et contre tout, raconte l'ancien directeur. Mon coût de revenu journalier s'en est ressenti, et donc, on vous présente ça en région. On vous classe… c’est pas le top. Ce sont les plus mauvais. Il y a le Flop 5, et après il y a le Flop 60. C’est très humiliant. On présente ça devant tous vos collègues ou tous les autres directeurs en vous montrant du doigt en disant : voilà les mauvais quoi !"

"Suite à la hausse de certains produits alimentaires..."

De temps en temps, Korian sait chouchouter ses résidents. Ce dimanche-là, dans les Ehpad du groupe, c’est jour de fête, celle des grands-mères. Alors, le siège a prévu au menu un bon petit plat, un classique gourmand de la gastronomie française : une soupe à l’oignon accompagnée de ses croûtons. Un bon petit repas en perspective… Sauf que le siège a envoyé un courriel. Le chef des chefs écrit : "Bonjour chefs, suite à la hausse de certains produits alimentaires, vous trouverez ci-joint un fichier vous indiquant les changements de recette à réaliser dans vos menus."

Sur le menu où est indiqué Soupe à l’oignon, la mention "et ses croutons" a été rayée. "Ils vont faire des économies sur les croûtons", précise celui qui a dirigé deux Ehpad Korian avant son burn out. "C'est tellement symbolique de la problématique de groupes comme celui de Korian qu’ils ne sont plus du tout dans leur cœur de métier, dans l'objectif qu'ils se sont fixé. Le but d'un Ehpad, c'est de prendre en charge des personnes âgées, fragiles, dépendantes", rappelle Samuel Royer. Il a attaqué Korian aux prud’hommes, mais sa demande a été déclarée irrecevable.

>> Interviewé par Elise Lucet, le directeur général de Korian France estime que "c’est un peu caricatural de parler de supprimer des croûtons pour faire des économies. L'idée qu'on puisse me dire que j'affame des personnes âgées me révolte. Je ne crois pas que ce soit la réalité dans nos Ehpad".

Extrait de "Ehpad : l'heure des comptes ?", une enquête de Marie Maurice, diffusée mardi 1er mars 2022 à 21h10 sur France 2.

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