: Vidéo "Alors, on va tous se reporter sur les urgences du CHR de Belfort ?" : le patient d'un médecin de 69 ans sans successeur
Le docteur Laine est à l’origine d’une pétition pour lutter contre les déserts médicaux. Il aimerait bien partir à la retraite mais ne trouve pas de remplaçant. "On est en train de tout perdre", dit un patient. Extrait du magazine "13h15 le dimanche" du 23 juin 2019.
"On le connaît depuis trente-cinq ans. Mes enfants, qui habitent à 45 bornes d’ici, vont encore le voir. Et il y a mes petits-enfants, soit trois générations… S’il n’y a pas de médecin, que va-t-il se passer ? Alors, on va tous se reporter sur les urgences du CHR de Belfort ? Tout est centralisé là-bas, c’est pas normal ça. Et c’est un des seuls médecins de la région qui se déplace à domicile", témoigne un patient du docteur Patrick Laine, 69 ans, qui continue à exercer faute de successeur.
Ce généraliste de Haute-Saône a lancé une pétition pour lutter contre la désertification médicale : "Demandons aux jeunes médecins généralistes d’effectuer leur première année professionnelle en territoire sous-médicalisé". Il l’a adressée à la ministre des Solidarités et de la Santé Agnès Buzyn ainsi qu’aux présidents des groupes parlementaires. "Ce n’est pas forcément donné à tout le monde de pouvoir faire ça, de donner de son temps, mais en retour c’est tellement… Ça n’a pas de prix", dit le praticien au magazine "13h15 le dimanche" (replay) en évoquant son travail.
"Je vis au quotidien avec des 'gilets jaunes'. Et j’épouse un peu leur cause."
"Je ne peux pas comprendre qu’il n’y ait pas plus de gens qui foncent à plein pot là-dedans avec moi", se désole ce médecin de famille, confident de tous les maux depuis tant de temps. Il rédige son ordonnance sur la table du salon de son patient qui ajoute : "On a quand même une drôle de société aujourd’hui. On est en train de tout perdre. Je vois dans notre village : plus d’école, plus de boulanger, plus de médecin… Ça devient aberrant."
"Vous allez être des cités-dortoirs et dans vingt ans, quand vous n’aurez plus les moyens de prendre la voiture, parce que votre vue aura baissé ou que vous ne pourrez plus arquer, qui viendra ? demande le médecin. Eh bien, personne… et si l’ambulance peut vous emmener aux urgences. Ce n’est que la pression de l’opinion qui peut changer les choses. Je vis au quotidien avec des 'gilets jaunes'. Je vois des retraités qui ont des problèmes, des gens qui travaillent et n’arrivent pas à finir le mois. Et j’épouse un peu leur cause." Le patient conclut : "On est une génération en souffrance. En souffrance de tout."
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