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Reportage "Un pouvoir créateur avec ses mains" : quand les métiers d’art redeviennent "modernes"

Le gouvernement a annoncé mardi qu'il allait investir 340 millions d'euros sur trois ans pour les métiers d'art. Objectifs : "structurer, transmettre et développer" ces professions, notamment auprès de la jeunesse.
Article rédigé par franceinfo - Mélanie Kuszelewicz
Radio France
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Temps de lecture : 2 min
Une restauratrice travaille sur un tapis au Mobilier national, à Paris, le 30 mai 2023. (MELANIE KUSZELEWICZ / RADIO FRANCE)

Dans les prestigieux ateliers du Mobilier national, des restaurateurs s'affairent sur des tapis anciens. Julienne Tsang est la responsable adjointe du service. "Là, c'est un tapis Louis XV. On voit clairement qu'il y a eu une ancienne lacune, on va dire un trou, et que le velours a disparu", nous montre-t-elle. La restauration de ce tapis va prendre deux semaines, mais les restaurations d'autres pièces peuvent durer des années. Pour travailler sur ce type de tapis, il faut quatre ans de formation et un concours qui s'étale sur cinq mois.

Julienne Tsang, responsable adjointe de l'atelier de restauration de tapis, travaille sur un tapis des années 1960, au Mobilier national, le 30 mai 2023. (MELANIE KUSZELEWICZ / RADIO FRANCE)

Alors pour soutenir les 281 métiers reconnus comme métiers d’art, les ministres de la Culture et de l’Artisanat, Rima Abdul Malak et Olivia Grégoire ont annoncé mardi 30 mai un plan doté d’une enveloppe de 340 millions d’euros. Maridié, qui a 25 ans de métier, n'est pourtant pas inquiet. Pour lui, la relève est assurée. "Il y a pas mal de jeunes en formation, se réjouit-il. Il y aura une suite d'éléments compétents et passionnés".

Un nouveau souffle après des années de disette

Un nouveau souffle pour les métiers d'art après des années de disette, explique Yann Grienenberger, directeur du Centre international d'art verrier à Meisenthal, en Moselle. "Depuis de nombreuses années, les métiers de la main ont été dévalués. On se rend compte ces dernières années qu'il y a une vraie appétence des jeunes générations à se remettre à ces métiers. Par exemple, chez nous, dans les métiers verriers, on n'assimile plus ces métiers à un métier ancien, qui ne fait que de la restauration, mais à un vrai métier moderne."

"Ce métier permet de rencontrer des designers du monde entier, des artistes plasticiens, qui permettent au verre de raconter de nouvelles histoires, de jouer une nouvelle partition d'objets."

Yann Grienenberger, directeur du Centre international d'art verrier à Meisenthal

à franceinfo

Mais pour faire connaître ces métiers, il faut en parler dès le plus jeune âge, insiste Gabrielle Légeret. "J'ai grandi à la campagne et j'ai vraiment vu, à la fois des agriculteurs, mais aussi des artisans, fermer faute de vocations, faute de repreneurs. Parce qu'en fait, au collège, personne ne nous parlait de ces métiers-là", explique-t-elle. Aujourd'hui, avec son association De l'or dans les mains, elle intervient dans les collèges justement pour faire découvrir les métiers manuels. "Par exemple, on va avoir un menuisier qui va venir faire fabriquer un nichoir en bois avec les jeunes et vous avez chaque jeune qui repart avec son nichoir. Et là, en fait, il se passe quelque chose d'extraordinaire parce que le jeune découvre qu'il a un pouvoir créateur avec ses mains. Et là, vous lui donnez de confiance en lui et ça, c'est magique."

Parmi les mesures du plan gouvernemental pour soutenir la filière, 1 000 stages seront proposés aux élèves de troisième sur la plateforme monstagedetroisième.fr.

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