Cet article date de plus de trois ans.

"Les couleurs de l'exil" de Josep Bartoli, l’itinéraire d’un artiste catalan méconnu retracé au Mémorial de Rivesaltes

En 2019, la famille du dessinateur et peintre catalan Josep Bartoli léguait 270 de ses œuvres au Mémorial du Camp de Rivesaltes. 150 d’entre elles sont présentées en ce moment dans une exposition retraçant le parcours de cet artiste méconnu, combattant antifranquiste, interné plusieurs années dans les camps du sud de la France avant de connaître l’exil vers le Mexique, où il deviendra quelques temps l’amant de Frida Kahlo. A découvrir jusqu’au 19 septembre 2022.

Article rédigé par Stéphane Hilarion
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
"Josep Bartoli - Les couleurs de l'exil", jusqu'au 19 septembre 2022 à au Mémorial de Rivesaltes. (CAPTURE D'ÉCRAN FRANCE 3 / PACIONE Harmonie)

"Les dessins des camps, particulièrement, sont des dessins d’une justesse parfaite, d’une force phénoménale et d’une modernité sans égal. La première fois que j’ai vu ces dessins, je pensais que c’était un dessinateur de BD contemporain. Alors que non, c’était quelqu’un qui avait dessiné ça en 1939". Les mots sont du dessinateur montpelliérain Aurel, réalisateur du film Josep, qui se penche sur la vie de Josep Bartoli, dessinateur catalan, fondateur du syndicat des dessinateurs espagnols en 1936, un temps engagé en politique, profondément républicain et contraint de devoir fuir vers la France.

Durant ces années passées dans les camps d’internement du sud de la France, Bartoli ne cessera de dessiner. Dessiner son quotidien, l’enfer des camps d’internement, comme le raconte son neveu Georges Bartoli, commissaire de cette exposition exceptionnelle : "On y voit les latrines, on y voit les gens désespérés, on y voit les gens s’épouiller, pratiquement nus ; et ça a une valeur documentaire incommensurablement plus forte que tous les documents photographiques ou cinématographiques que l’on connait de l’époque".

Expo Josep Rivesaltes

L’exil

En 1943, Josep Bartoli parvient à échapper à la déportation grâce à des complicités françaises et parvient à rejoindre le Mexique où s’ouvre à lui une nouvelle vie, faite de rencontres et de mutation artistique comme le raconte Nina Wohrel, l’organisatrice de l’exposition : "Bartoli est un artiste qui participe à l’ébullition de la révolution artistique au Mexique à cette époque-là et il rencontre Frida Kahlo avec qui il entretient une liaison pendant plusieurs années. Frida Kahlo le révèle à la couleur et c’est à ce moment-là qu’il se met à peindre".

Des peintures mais aussi des collages qui explosent de couleurs et où les thèmes de l’exil, ses combats, mais aussi son engagement, ne sont jamais loin. Bartoli s’installera ensuite aux Etats-Unis où il côtoie Jackson Pollock, Rothko, Kline ou encore De Kooning. Il deviendra illustrateur pour la presse américaine, mais aussi en France pour le Club français du livre. Il ne remettra les pieds en Espagne qu’après la mort de Franco, près de quarante ans après son exil vers le Mexique.

Josep Bartoli est mort à New-York en 1995 à l’âge de 85 ans. En septembre 2019, ses descendants ont décidé de léguer au Mémorial de Rivesaltes, 270 de ses œuvres, dessins, peintures et collages. 

"Josep Bartoli - Les couleurs de l'exil" - jusqu'au 19 septembre 2022 - Mémorial du Camp de Rivesaltes, avenue Clément Ader, 66600 Rivesaltes - du 01/04 au 31/10, de 10h à 18h, tous les jours - du 01/11 au 31/03, de 10h à 18h, du mardi au dimanche.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.