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Larousse 2020 : "Le dictionnaire est une photographie de l’évolution de la langue et de la société"

La directrice du département Dictionnaires chez Larousse revient sur les nouveaux mots et expressions qui font leur apparition dans l'édition 2020.

Article rédigé par franceinfo
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Dans l'édition 2016, le mot "bolos" avait par exemple fait son apparition dans le dictionnaire. (ERIC FEFERBERG / AFP)

"On sent que le dictionnaire est une photographie, à la fois de l’évolution de la langue et, à la fois à travers son biais, de l’évolution de la société", a déclaré Carine Girac, directrice du département Dictionnaires, encyclopédies et périscolaire chez Larousse, mardi 7 mai sur franceinfo.

Locavorisme, slasheur, cryptomonnaie ou encore ubériser font partie des nouveaux mots qui intègreront cette année l'édition 2020 du Petit Larousse. Au total 150 nouveaux mots et 100 nouvelles expressions seront à retrouver dans le dictionnaire qui paraîtra le 21 mai 2019.

Pour Carine Girac, cette édition 2020 "est très particulière, parce qu’elle reflète à la fois nos inquiétudes, les inquiétudes de la société française et de la société en général, et en même temps elle donne de l’espoir à travers certains mots".

franceinfo : Comment choisissez-vous les nouveaux mots qui rentrent dans le dictionnaire ?

Carine Girac : On a deux critères. Un critère quantitatif, qui est la fréquence d’emploi des mots, et un critère qualitatif, qui correspond au fait que le mot doit être passé vraiment dans le grand public, il ne doit pas être utilisé que par une communauté restreinte de personnes. C’est vrai que l’on compte sur nos deux critères pour nous permettre de ne pas choisir des mots qui sont des effets de mode, mais c’est quelque chose d’assez compliqué à faire, je dois l’avouer.

En fait, on repère grâce aux médias grands publics tous les mots qui apparaissent dans la langue française, grâce aussi à Internet. On va les collecter dans une base de néologie, et ensuite on va grâce à nos deux critères sélectionner déjà à peu près 1000 mots sur les 3 000 à 5 000 qui apparaissent chaque année, et on va se réunir au sein des éditions Larousse pour élire les 150 nouveaux mots, 100 expressions qui rentreront dans le Petit Larousse.

Que retenez-vous de cette édition 2020 et de ces 150 nouveaux mots ?

Cette édition est très particulière, parce qu’elle reflète à la fois nos inquiétudes, les inquiétudes de la société française et de la société en général, et en même temps elle donne de l’espoir à travers certains mots. Les inquiétudes peuvent se lire dans les mots comme apatridie, survivalisme, cybercrime, darknet. Et en même temps, les espoirs sont liés à des mots comme bioplastique pour tout ce qui concerne l’écologie, l’antispécisme c’est-à-dire le fait de ne pas vouloir mettre de hiérarchie entre les différentes espèces vivantes, ou encore dans le locavorisme, la sentience et par exemple dans la cryptomonnaie qui peut être une belle avancée technologique.

"Darknet", "slasheur", ne sont-ils pas plus des anglicismes que des mots français ?

C'est vrai que "darknet" est une sorte d’anglicisme. On est obligé de faire entrer des mots anglais dans le dictionnaire. Il y en a très peu qui rentrent mais quand il n’y a pas d’équivalent français, nous n’avons pas d’autres choix que de faire rentrer ce mot, parce qu’il est très employé. Il faut pouvoir le définir, pour que tous les francophones puissent en connaître clairement la définition. Et puis bien sûr, dès qu’il y aura un mot français qui aura pris le pas sur ce mot anglais, on fera rentrer le mot français. Notre rôle à nous, le rôle que nous a fixé Pierre Larousse, il y a un certain temps, c’est vraiment de rendre compte de l’usage et de l’utilisation des mots par la majorité des francophones.

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