"Effacer l'historique" : Gustave Kervern et Benoît Delépine s'attaquent aux addictions numériques
Avec Blanche Gardin, Corinne Masiero et Denis Podalydès, le duo de réalisateurs "grolandais" fustige avec un humour décapant nos usages des réseaux sociaux.
Et de neuf pour Gustave Kervern et Benoît Delépine ! Ils signent un nouveau long métrage dans la droite ligne des comédies sociales dont ils ont le secret, après Mammuth ou I Feel Good, toujours avec un casting prestigieux, ici Blanche Gardin, Corinne Masiero et Denis Podalydès. Ils passent cette fois à la moulinette nos travers avec la multiplication des écrans numériques, un boulevard pour ces auteurs-réalisateurs venus d’ailleurs.
Ere numérique
Marie (Blanche Gardin), Bertrand (Denis Podalydès) et Christine (Corinne Masiero), voisins dans un lotissement des Hauts-de-France, se sont connus sur un rond-point tenu par les gilets jaunes en 2018-19. Aujourd’hui, Marie est piégée par un jeune prédateur (Vincent Lacoste) qui la fait chanter avec une sextape. Bertrand, acheteur compulsif sur internet, se bat avec Facebook pour libérer sa fille du harcèlement dont elle est victime, et est amoureux de sa vendeuse virtuelle, alors que Christine court après les étoiles d’appréciation de son service de voiturage sur les réseaux sociaux. Ils vont s’allier pour se venger d'une addiction qui empoisonne leur vie.Comme toujours, Gustave Kervern et Benoît Delépine sont à l’heure pour pointer du doigt un sujet sociétal contemporain. Internet et les réseaux sociaux ont envahi nos vies dans une telle mesure qu’ils déterminent une nouvelle ère, après la première et la deuxième révolution industrielle. Le monde est désormais numérique, avec des confusions entre réalité et virtuel de plus en plus prégnantes chez les usagers. Un sujet de comédie idéal pour Kervern et Delépine.
Blanche Gardin se révèle au cinéma
Si les auteurs-réalisateurs ne sont pas des génies de la mise en scène, ils savent écrire et réunir le casting idéal pour servir leurs films. Le trio Blanche Gardin, Denis Podalydès, Corinne Masiero fonctionne à plein tube, avec une mention spéciale pour la première, qui trouve dans Effacer l’historique son premier rôle au cinéma. Sûr qu’elle va y revenir. Ce qui n’enlève rien aux mérites des deux autres, ni à Vincent Lacoste, odieux dans son détachement criminel, ou aux caméos prestigieux et petits rôles qui les entourent : Michel Houellebecq, Benoît Poelvoorde, Bouli Lanners, Vincent Dedienne et Philippe Rebbot, la famille en sorte.
Mais c’est un peu là que le bât blesse. Si ces apparitions sont réjouissantes, elles participent à une écriture globalement moins satisfaisante que celle des films précédents. Le voyage de Marie et Bertrand dans la seconde partie, est aussi un peu poussée, et le personnage de Christine négligé. A force de vouloir trop en mettre, Effacer l’historique perd en rythme sur son heure quarante-six. Plus resserré, le film y aurait gagné, même si le rire est souvent au rendez-vous et le sujet historique.
La fiche
Genre : Comédie
Réalisateur : Gustave Kervern et Benoît Delépine
Acteurs : Blanche Gardin, Corinne Masiero, Denis Podalydès, Vincent Lacoste, Bruno Poelvoorde, Bouli Lanners, Vincent Dedienne, Philippe Rebbot
Pays : France / Belgique
Durée : 1h46
Sortie : 26 août 2020
Distributeur : Ad Vitam
Synopsis : Dans un lotissement en province, trois voisins sont en prise avec les nouvelles technologies et les réseaux sociaux. Il y a Marie, victime de chantage avec une sextape, Bertrand, dont la fille est harcelée au lycée, et Christine, chauffeur VTC dépitée de voir que les notes de ses clients refusent de décoller. Ensemble, ils décident de partir en guerre contre les géants d’internet. Une bataille foutue d'avance, quoique...
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