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Départ de Muriel Mayette de la Villa Médicis : "C'est un investissement énorme qui est un peu bafoué"

Après un seul mandat de trois ans, Muriel Mayette quitte la tête de l'Académie de France – La Villa Médicis – à Rome . Une situation extrêmement rare, d'autant plus que son successeur n'est pas encore connu.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Temps de lecture : 5min
La Villa Médicis, à Rome. (JP AMET / MAXPPP)

"Je ne sais pas exactement pourquoi je n'ai pas été reconduite", a déclaré samedi 22 septembre Muriel Mayette, sur franceinfo. La comédienne et metteuse en scène, ex administratrice générale de la Comédie Française et première femme à avoir dirigé l’Académie de France à Rome - Villa Médicis, quitte la tête de l'Académie, après un seul mandat de trois ans. "C'est un investissement énorme qui est un peu bafoué" poursuit-t-elle. "Je suis partie en urgence en laissant la nouvelle promotion de pensionnaires, et surtout mon équipe qui est un peu désorientée et inquiète et en attente (…) car pour le moment personne ne m'a remplacée", regrette-t-elle, "Pourquoi tant de brutalité ? " s'interroge Murielle Mayette.

franceinfo : Vous avez passé trois ans à la Villa Médicis à Rome, vous n'êtes pas reconduite alors que c'est le cas généralement. Pourquoi selon vous ?

Muriel Mayette : Je ne sais pas exactement pourquoi je n'ai pas été reconduite. Certes, c'est un mandat de trois ans qui s'est arrêté le 17 septembre. J'ai appris que je n'étais pas reconduite à peine dix jours avant la fin de ce mandat. J'ai laissé une équipe désœuvrée car personne ne m'a remplacée pour le moment.

J'ai été arrêtée dans un élan. Il y a un manque de dialogue et un manque de respect pour le travail qui est fait. L'Académie de France à Rome se portait très bien et était saluée par tous les Romains et par tous les Italiens. Elle a une programmation qui marche et pour la première fois, il y avait plus de femmes artistes résidentes. J'ai été arrêtée en plein vol. Je suis extrêmement fière de ce qu'on a réalisé en si peu de temps à la Villa Médicis. Pendant ces trois ans j'ai augmenté le nombre de pensionnaires, rendu transparents leurs statuts et j'ai fait une programmation qui marchait. C'est un investissement énorme qui est un peu bafoué.

Avez-vous l'impression que c'est une décision politique parce que vous avez été nommée en 2015 sous François Hollande ?

C'est une décision politique car on est nommés en conseil des ministres par le président de la République. Au-delà de ça, je suis chagrinée que l'on parle de cette institution sous couvert de polémiques, alors qu'elle va si bien. C'est une ambassade culturelle incroyablement admirée et enviée dans le monde entier. Je suis déçue parce que je me dis que ces institutions sont des lumières pour notre pays.

Je considère qu'il y a une schizophrénie entre la façon dont elle est perçue en Italie et dans le monde entier et comment en France on en parle et on la met en valeur dans une dimension politique, pour savoir qui sera le prochain ou la prochaine directrice. Elle vaut mieux que ça.

Etiez-vous assez politique pour être à la tête de la Villa Médicis ?

Je ne suis pas politique et je pense que c'est fondamental de laisser ces institutions aux mains des artistes. Je l'ai dirigée avec passion, avec mon métier de chef d'orchestre, de metteuse en scène. Je l'ai dirigée en essayant de défendre les artistes pour y accueillir le public, je ne l'ai pas dirigée en construisant un réseau pour demain. Je ne dirige pas les artistes, mais je les accompagne, j'essaye d'être utile pour qu'ils puissent développer chacun un projet. Cette résidence d'artistes les accueille pendant une année, ils ont une bourse de 3 500 euros, ils n'ont pas d'obligation de résultats. Mon travail de chef d'orchestre était d'essayer de les connecter à la ville de Rome, d'accompagner leurs projets, voire leurs chemins de traverse.

Pour ce qui est de votre travail, la ministre de la Culture, Françoise Nyssen vous a téléphoné, que vous-a-t-elle dit ?

Elle m'a dit qu'ils avaient envie de réfléchir au bien-fondé de cette institution et qu'un rapport devait être rendu le 10 septembre sur les résidences d'artistes, rapport pour lequel je n'ai pas été invitée à travailler, ce que je regrette profondément. Je comprends qu'on ait envie de nouveaux projets, mais pourquoi à la dernière minute et pourquoi laisser cette institution sans directeur pendant un temps. Pourquoi tant de brutalité ? J'ai demandé à rencontrer le président de la République, mais je ne l'ai pas rencontré, je n'ai pas de contact avec le ministère de la Culture depuis que je n'ai pas été renouvelée. Je suis partie en urgence en laissant la nouvelle promotion de pensionnaires, et surtout mon équipe qui est un peu désorientée et inquiète et en attente.

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