Armement : les efforts budgétaires de la France pour se renforcer "à peine suffisants", prédit le général Jean-Paul Paloméros
Le budget des armées augmentera de trois milliards d'euros en 2023 en France mais ce sera "à peine" suffisant, selon l'ancien commandant de l’OTAN à la transformation des capacités militaires qui estime que si l'armement est qualitatif, il manque "d'épaisseur".
Le général Jean-Paul Paloméros, ancien chef d’état-major de l’armée de l’air et ancien commandant de l’OTAN à la transformation des capacités militaires, a estimé sur franceinfo jeudi 26 octobre que les efforts budgétaires pour renforcer l'armement de la France "seront à peine suffisants" alors que le chef de l'État visite plusieurs sites d'industrie d'armement à Bourges (Cher) dont un pas de tir rénové des canons Caesar. Le budget des armées augmentera de trois milliards d'euros en 2023 pour atteindre 43,9 milliards d'euros, conformément à la loi de programmation militaire (LPM 2019-2025). L'armement de la France est "dans le premier rang en termes de qualité", en revanche "l'épaisseur de cette défense a diminué", a-t-il estimé.
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franceinfo : Emmanuel Macron veut-il montrer que la France est entrée dans une économie de guerre ?
Jean-Paul Paloméros : Oui, il veut montrer que la France est prête à relever ce défi qui est devant elle, celui de continuer à renforcer sa défense après une vingtaine d'années de réduction budgétaire. C'est plus de trois milliards cette année de dépenses militaires.
"Les conflits de haute intensité en Europe, malheureusement, ne sont pas inévitables. Il faut en tirer des conséquences."
Le général Jean-Paul Palomérosà franceinfo
Il est bon que le chef des armées, le président, effectivement aille sur place dans l'industrie, pour voir combien de temps il faut pour produire un canon Caesar, quelles sont les contraintes et quels sont les besoins.
Et quel est l'état des lieux des capacités militaires françaises ?
Au fil du temps, les capacités militaires françaises se sont développées, se sont modernisées. Il n'y a pas de doute, on est dans le premier rang en termes de qualité de nos équipements sur un vaste spectre. L'avion Rafale pour la partie aérienne en est une belle démonstration. En revanche, l'épaisseur de cette défense a diminué. Il y a eu une diminution du nombre et la quantité cela compte pour mener des combats de longue durée. Et c'est ça qu'il convient de restaurer. Est-ce que les efforts actuellement sont suffisants ? Je pense qu'ils seront à peine suffisants.
Où en sont nos voisins européens ?
Aujourd'hui la Grande-Bretagne est en tête. Elle dépense à peu près 10 milliards de plus par an et vise quelque part à atteindre 100 milliards assez rapidement. C'est un effort énorme. L'Allemagne, qui traîne un tout petit peu la patte par rapport à sa puissance économique, a décidé d'investir effectivement 100 milliards de plus sur son budget de défense dans les prochaines années, ce qui l'amènera également à une bonne dizaine de milliards au-dessus de nous. L'équation est posée. La France sera contrainte à réviser la loi de programmation. Elle doit être revue en 2024. Cela va être tout l'enjeu.
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