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Service national universel : "Un mois, ce ne serait pas utile", estime un lycéen

Le ministre de l'Intérieur a réaffirmé, dimanche, sa volonté que le service national universel soit obligatoire pour les jeunes. Ces derniers doutent de son utilité, tandis que l'armée, elle, compterait s'y engager a minima.

Article rédigé par franceinfo - Boris Loumagne. Edité par Mariam El Kurdi
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Temps de lecture : 2 min
Une journée d'appel à la préparation à la défense à Toulouse. (MAXPPP)

Sa forme n'est pas encore clairement définie, mais le service national universel, promis par Emmanuel Macron lors de sa campagne pour la présidentielle, devrait être obligatoire -c'est en tout cas la volonté de Gérard Collomb-, durer un mois et concerner 600 000 jeunes chaque année.

Ce dispositif pourrait être expérimenté dès 2019. Parmi les objectifs affichés : inculquer les valeurs de civisme et de citoyenneté et renforcer la cohésion nationale. Alors que certains dénoncent déjà son coût, d'autres s'interrogent sur son utilité, à commencer par les principaux intéressés, les jeunes.

Comment est perçu le service national universel chez les intéressés ? Reportage de Boris Loumagne

À la sortie d'un lycée parisien, Apolline émet des doutes en se souvenant de sa journée d'appel. "On est dans une situation où les jeunes viennent de partout et la cohésion ne se fait pas particulièrement, assure la jeune fille qui estime que "les valeurs s’inculquent au cours des années" et suggère que le service national universel "se fasse un peu plus dans le temps au niveau de l’éducation tout simplement".

Il y a d’autres moyens beaucoup plus constructifs que de se retrouver autour d’un service militaire.

Apolline, lycéenne parisienne

Le service national universel pourrait proposer une formation militaire d'un mois, mais Yann, 18 ans, n'en voit pas l'intérêt : la durée lui paraît trop courte. "Personne ne s’est formé en un mois pour défendre le pays ou quoique ce soit. Et puis, il y a les forces armées pour ça. Ce ne serait pas utile. En un mois, on ne peut rien faire", selon lui.

L'idée d'être tous logés à la même enseigne lui déplaît également. "Il y a plein de gens à qui ça ne plairait pas d’être conditionné. Tout le monde mange pareil, tout le monde fait pareil", poursuit Yann. Pas d’arme, pas de treillis, pas de caserne pour Yann.

Service minimum pour les militaires

Une partie des gradés serait d'accord avec Yann, selon le colonel Jérôme Pellistrandi. Pour ce spécialiste des questions militaires, l'armée souhaiterait s'engager a minima. "Derrière la question de ce service universel, c’est bien l’apprentissage de la citoyenneté, explique-t-il. Il faut donc trouver des modalités et on voit bien que ces modalités doivent s’appuyer sur un parcours citoyen qui commencera dès le collège et en passant par le lycée."

Par leur expérience, les armées peuvent contribuer à ce service national, mais en aucun cas assumer ce service.

Jérôme Pellistrandi, spécialiste des questions militaires

Pour lui, l'armée viendrait en simple renfort : "Cette mission ne peut être qu’une mission d’accompagnement avec les autres grands acteurs que sont l’éducation nationale, la jeunesse et les sports, les collectivités locales". En clair, les militaires se limiteraient à de l'encadrement et ce serait moins coûteux.

L'armée sera-t-elle entendue ? Début de réponse mercredi 21 février, avec la remise d'un rapport parlementaire.   

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