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"Ça caillasse encore" : à Paris, un samedi au cœur de la Compagnie républicaine de sécurité 61 lors de la mobilisation des "gilets jaunes"

Les 45 policiers de la Compagnie républicaine de sécurité 61, basée à Vélizy, en sont à leur neuvième samedi de manifestation des "gilets jaunes" depuis le début du mouvement.

Article rédigé par Matthieu Mondoloni
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des policiers de de la Compagnie républicaine de sécurité 61, à Paris, samedi 27 janvier 2019. (MATTHIEU MONDOLONI / FRANCEINFO)

"La journée va être longue", assure le commandant Maurice de la Compagnie républicaine de sécurité 61 venue de Vélizy à Paris avant le début du onzième samedi de mobilisation des "gilets jaunes". Les 45 policiers de la CRS 61 ont pour mission de précéder le cortège des manifestants partis de la place de la Nation pour rejoindre Bastille sur un parcours de 14 kilomètres, samedi 26 janvier.

Avant de partir pour encadrer les participants, le commandant Maurice briefe une dernière fois ses troupes : "En face, c'est sûr qu'ils ne nous ferons pas de cadeaux. Je le répète encore : un individu interpellé, il est neutralisé, on le menotte, on le ramène, on ne s'acharne pas sur lui." La consigne est passée.

Dans la compagnie, deux brigadiers sont équipés de LBD, ces lanceurs de balles de défense très critiqués depuis plusieurs semaines. "On ne vise absolument pas la tête, on vise au niveau du plexus et des membres inférieurs", explique Yann. "Nous avons été équipés d'une caméra piéton que nous déclencherons à notre convenance s'il y a nécessité de faire usage du LBD", poursuit le brigadier. Placée sur leur poitrine désormais, cette petite caméra "enregistre tout ce qu'[ils feront], donc on pourra juger de la pertinence de l'utilisation du lanceur de balles de défense", estime-t-il.

Ils sont à 200 mètres derrière nous.

Commandant Maurice

à franceinfo

En ce samedi matin, les "gilets jaunes" commencent à arriver. Les trois sections dirigées par le commandant Maurice se mettent en marche. L'objectif est de garder une distance avec le cortège "pour ne pas être trop au contact, pour ne pas qu'ils pensent qu'on les provoque". Toutefois, ils doivent rester à une "distance raisonnable" pour être "prêt à intervenir s'il y a lieu".

Maintenir la distance

Une première intervention se fait justement quelques rues plus loin. Des manifestants se montrent agressifs envers les policiers et des pavés sont jetés. Les CRS interviennent et en quelques secondes, les manifestants violents sont repoussés. "Allez on décroche, on décroche", intime le commandant Dominique à ses troupes. Le chef du groupe opérationnel explique que "le problème de ce type de manifestations quand ils décident d'aller au contact, ils vont au contact. Il ne faut pas leur laisser une opportunité d'avoir le contact".

Rapidement, les trois sections se repositionnent place de la Bastille. Pour "couvrir le repli", ils utilisent une grande "100% lacry", explique le commandant Dominique. Plus loin, de nouveaux incidents éclatent. "Ça caillasse encore", lance-t-il. Les CRS sécurisent le périmètre pendant que des policiers en civil procèdent à plusieurs interpellations.

Fin de journée

La situation semble sous contrôle. "18 heures, 18h30, en général c'est le signal de fin, indique le commandant Maurice. On les a laissé s'amuser et puis maintenant on libère l'espace pour les véhicules", poursuit-il.

Après 10 heures sur le terrain pour la CRS 61, trois grenades ont été utilisées, aucun tir de LBD n'a été recensé. Les 45 policiers vont pouvoir décrocher. C’était leur neuvième manifestation de "gilets jaunes" depuis le début du mouvement, le 17 novembre.

Reportage de Matthieu Mondoloni au cœur de la Compagnie républicaine de sécurité 61 venue de Vélizy

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