: Vidéo Permanences, déplacements, contraintes... Après les déserts médicaux, la ruralité confrontée aux "déserts vétérinaires"
D'année en année, le nombre de vétérinaires qui s'occupent des animaux de la ferme baisse au profit des animaux domestiques. L'activité est jugée moins usante et plus lucrative.
Des chats et des chiens attendent dans la clinique vétérinaire de Laurent Perrin à Valençay dans l'Indre. Les animaux de compagnie représentent "à peu près les deux tiers" de son activité, le reste est consacré aux animaux de la ferme. Mais après 32 ans de métier, le président du syndicat national des vétérinaires d'exercice libéral se sent de plus en plus seul pour aller dans les exploitations.
Selon l'Atlas démographique 2019 de l'Ordre national des vétérinaires, sur les 18 548 vétérinaires que compte notre pays, seulement 6 546 déclarent une activité rurale. Une baisse lente et régulière qui crée des "déserts vétérinaires" et qui inquiète.
Le vétérinaire enchaîne les kilomètres
Le maillage territorial des vétérinaires se détériore d'année en année. Depuis une décennie, une dizaine d'entre eux ont jeté dans l'éponge dans le secteur de Laurent Perrin pour se concentrer sur les animaux de compagnie, raconte-t-il. C'est moins usant et plus rentable selon lui. Première conséquence directe : Laurent Perrin intervient désormais sur trois départements et fait en moyenne 25 000 km par an sur la route.
"On est de service 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7", poursuit Laurent Perrin. On assure les gardes à quatre vétérinaires, il faut une permanence des soins tout le temps", pour les animaux de rente, c'est-à-dire ceux de la ferme. "C'est tendu actuellement", déplore Laurent Perrin, à cause notamment d'un déficit de recrutement.
J'ai deux personnes à recruter mais je sais que ça va être compliqué. La dernière fois qu'on a recruté, on a eu une réponse à notre annonce.
Laurent Perrinà franceinfo
Selon Laurent Perrin, ces "déserts vétérinaires" pourraient avoir des conséquences importantes : "Il est évident que si on n'a plus ce réseau vétérinaire, on risque par exemple d'avoir du retard à la mise en place des mesures pour arrêter une pathologie comme la fièvre aphteuse."
Durant sa tournée, Laurent Perrin se rend dans une exploitation chez des producteurs de lait. Il n'y a pas une minute à perdre, la consultation commence en posant son stéthoscope sur une vache amaigrie. "Elle est creuse des deux côtés", s'inquiète l'éleveuse alors que Laurent Perrin prescrit une prise de sang. "Il contribue à la réussite de l'exploitation, avance Christophe Berthault, l'éleveur laitier, installé avec sa fille Elodie. Je ne lui passe pas de la pommade parce que je gueule après lui tous les mois quand je reçois sa facture", s'amuse-t-il.
Pour cet éleveur, surveiller en permanence la santé de ses 130 vaches est indispensable, malgré le coût. "C'est facilement entre 2 000 et 3 000 euros par mois. Mais sans la banque et sans le vétérinaire, on ne peut plus pratiquer notre métier".
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