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Annulation du mois sans alcool : "C'est une gifle", dénonce Michel Reynaud, président du Fonds Actions Addictions

Le président du Fonds Actions Addictions précise que ce mois sans alcool n'est pas une mesure d'abstinence. "On n'est pas comme dans le mois sans tabac où l'on cherche à ce que les gens arrêtent de boire", indique-t-il.

Article rédigé par franceinfo
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Un rayon de vins rouges bordelais, dans un supermarché, à Val de Fontenay (Ile-de-France). (AMAURY CORNU / HANS LUCAS)

Il n'y aura pas de mois sans alcool en janvier 2020. Le gouvernement annule ce projet. "C'est une gifle", dénonce Michel Reynaud, addictologue, président du Fonds Actions Addictions sur franceinfo jeudi 21 novembre.

La décision d'instaurer ce mois sans alcool avait-elle été prise ?

Michel Reynaud : Oui, le président de la mission de prévention des drogues et conduites addictives l'avait annoncé publiquement au mois de juin, le financement avait été obtenu sur le fonds de prévention des addictions, la campagne devait sortir aujourd'hui. Tout était prêt : le logo, le fil Twitter, le site. Ça faisait 6 mois que les équipes du ministère et de Santé publique France travaillaient dessus. C'est donc une gifle pour tout le monde d'apprendre par les viticulteurs de champagne qu'ils ont eu l'autorisation de monsieur Macron de dire qu'il n'y aurait pas de "janvier sec" en France.

La porte est-elle totalement fermée pour vous ?

La gifle a été reçue par les acteurs, parce que nous savions tous que ça devait être annoncé en septembre pour janvier. Les associations ont été révoltées et vont essayer de faire un "janvier sans alcool" qui aura un autre nom pour les gens qui souhaitent le faire. Parce qu'il faut le rappeler : ça a été présenté par le lobby de l'alcool comme une mesure d'abstinence, un interdit : non ! C'est une pause. On n'est pas comme dans le mois sans tabac où l'on cherche à ce que les gens arrêtent de boire. Ils s'interrogent sur leur consommation, ils comprennent pourquoi il y a des incitations permanentes à consommer et ils apprennent à mieux maîtriser. Seize pays le font, l'évaluent, et c'est une mesure efficace.

À quoi va ressembler ce mois sans alcool sans le poids de l'Etat ?

Ça n'aura rien à voir. Il y avait pas mal d'argent qui avait été préparé pour cette campagne avec des spots, de la communication. Nous, les acteurs, se mobiliserons sur le terrain. On fera la campagne sur les réseaux sociaux avec les bonnes volontés des uns et des autres, pour ceux et celles qui ont envie de le faire.

Est-ce que votre campagne était compatible avec le propos d'Emmanuel Macron disant boire volontiers un verre de vin à chaque repas ?

Oui, les gens consomment ce qu'ils veulent. On a le droit de prendre des risques dans la vie. On sait que jusqu'à 10 verres par semaine, les risques sont limités. Mais 20% des Français achètent 80% de l'alcool en France. La filière vit sur les grosses consommations. Donc elle doit laisser penser que la France doit boire très régulièrement de façon à ce que les 20% qui consomment aient l'impression d'être dans la norme et c'est ça que la campagne risquait de faire émerger.

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