Liquidation de Camaïeu : "J'ai proposé aux salariés d'engager une action" en justice, annonce l'avocat de la CGT
L'enseigne de prêt-à-porter a été placée en liquidation judiciaire, deux ans après sa reprise. "Les salariés ont la sensation que les actionnaires n'ont pas pris tous les engagements possibles pour éviter cette catastrophe sociale", explique Me Fiodor Rilov.
Des dizaines de salariés de Camaïeu occupent depuis mardi 4 octobre le siège de l'enseigne à Roubaix après sa liquidation judiciaire la semaine dernière. "Je leur ai proposé d'engager chacun individuellement une action" en justice, réagit sur franceinfo Me Fiodor Rilov, avocat de la CGT chez Camaïeu. Il confie avoir déjà reçu "des dizaines de mandats en bonne et due forme."
franceinfo : Quel est le but de cette occupation ?
Me Fiodor Rilov : Il y avait une assemblée générale des salariés de Camaïeu ce matin devant le siège de l'entreprise. La CGT m'a invité à intervenir pour expliquer les différents recours en justice que les salariés peuvent entreprendre pour tenter de faire éclater la vérité des causes qui ont conduit à la déconfiture et donc au licenciement de la totalité du personnel. La société est en liquidation judiciaire, donc tous les salariés vont être licenciés dans moins de trois semaines. Il y a moins de deux ans, des actionnaires sont venus pour prendre un certain nombre d'engagements pour redresser l'activité. Les salariés constatent aujourd'hui que tout ça a fait pschitt. Je leur ai proposé d'engager chacun individuellement une action pour aller obtenir les documents, les informations et avoir une photographie de tout ce qu'il s'est passé depuis deux ans comme d'éventuels transferts de fonds qui auraient contribué à vider la trésorerie.
Vous voulez montrer que finalement il n'y a pas de fatalité, mais plutôt une responsabilité de l'actionnaire ?
Absolument ! Les salariés ont la sensation que les actionnaires n'ont pas pris tous les engagements possibles pour éviter cette catastrophe sociale. 2 600 personnes licenciées, c'est inédit dans ce pays depuis 15 ans. Donc nous avons pris la décision ce matin de lancer cette action la semaine prochaine. Depuis ce matin, j'ai déjà plusieurs dizaines de salariés qui m'ont adressé par voie électronique un mandat en bonne et due forme. Nous sommes déjà en train de préparer cette procédure.
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Fallait-il nécessairement passer par une occupation du siège ?
Les salariés ont jugé qu'ils ne pouvaient pas se contenter de lancer des actions en justice. Donc ils ont pris l'initiative de rentrer chez eux, dans leur entreprise qu'ils font tourner depuis 20 ans, 30 ans. L'ancienneté moyenne des salariés de Camaïeu est très importante. Donc oui, ils ont décidé de venir dans le siège de l'entreprise et de manifester à la fois leur mécontentement, leur colère et aussi de faire acte symboliquement. Il y a une volonté de s'approprier l'entreprise et aussi de créer éventuellement la possibilité d'une reprise. Cela est aujourd'hui très flou. Des gens ont semble-t-il manifesté leur intérêt. On verra si cet intérêt se concrétise. En tout cas les salariés ont décidé de ne pas se laisser faire.
L'occupation dure encore ?
Bien sûr ! Et elle n'est pas prête de s'arrêter. Les salariés sont éparpillés sur tout le territoire. Pour que les salariés se mettent en contact les uns avec les autres, il y a besoin d'un quartier général [à Roubaix]. Cela permettra d'organiser ensemble une bagarre pour que justice soit faite.
Est-ce que les salariés peuvent encore croire à une renaissance de Camaïeu ?
Beaucoup d'entre eux croient à juste titre que cette entreprise peut retrouver un repreneur avec un véritable plan qui prendra des engagements tenus cette fois-ci. Statistiquement retrouver un tel repreneur, les chances sont minces. Mais Camaïeu est le numéro un français du prêt-à-porter féminin. Alors peut-être qu'un miracle laïc se produira.
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