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Emploi : la galère des descendants d'immigrés maghrébins en cinq infographies

Parmi les catégories qui ont le plus de mal à accéder au marché du travail, on retrouve les personnes issues de l'immigration maghrébine. L'Insee a publié une étude mardi qui détaille ces difficultés.

Article rédigé par Nicolas Enault
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Les descendants d'immigrés originaires du Maghreb font partie des catégories de population qui rencontrent le plus de difficultés pour accéder à un emploi. (JEFF PACHOUD / AFP)

Chômage, emplois précaires et plafond de verre. Dans son édition 2017 de la publication "Emploi, chômage, revenus du travail", l'Insee dresse un constat sans appel : la situation professionnelle des descendants d'immigrés maghrébins est nettement moins favorable que celle des personnes sans ascendance migratoire.

Pour réaliser cette étude, l'Insee a déterminé l'origine géographique des descendants d'immigrés originaires du Maghreb en fonction de celle du parent immigré s'il n'y en a qu'un. Si les deux parents sont immigrés, l'origine du père a été choisie. Cette population est moins souvent en emploi, rencontre davantage de difficultés à en trouver un et accède plus difficilement aux plus hauts salaires. Et ce, quel que soit le type de carrière des individus. Nous avons représenté ces difficultés dans cinq infographies pour mieux comprendre cette situation.

Moins souvent en emploi

Le taux de chômage des hommes descendants d'immigrés maghrébins est plus de deux fois supérieur à celui des hommes sans ascendance migratoire dans les dix années qui suivent la fin des études (36% contre 16%). Si les descendants d'immigrés maghrébins sont plus jeunes et moins diplômés, cela n'explique qu'en partie les écarts mesurés. Selon les calculs élaborés par les chercheurs de l'Insee, si la population des descendants d'immigrés maghrébins présentaient strictement les mêmes caractéristiques (âge, diplômes, lieu de résidence) que celle des personnes sans ascendance migratoire, le taux de chômage au sein de cette population s'élèverait à 29% (contre 36% dans la réalité). Autrement dit, l'écart observé (36-16 = 20 points) s'explique pour 7 points (36-29) par des différences de composition entre les deux groupes. L'écart de 13 points qui reste n'est donc pas expliqué. C'est dans ces effets "non expliqués" qu'on peut retrouver, entre autres, des facteurs de discriminations, difficilement mesurables. 

Chez les femmes, c'est au niveau du taux d'activité (personnes en emploi ou qui en cherchent un) que l'écart se creuse. Dans la période de dix à vingt ans qui suit la fin des études, on observe une chute du taux d'activité chez les femmes d'origine maghrébine (de 77% à 71%) avant dix ans d'ancienneté, alors qu’il reste plutôt stable, autour de 86 % et 87 %, pour les femmes sans ascendance migratoire. Selon l'Insee, cette différence s'explique par la présence ou non d'enfants dans le ménage des femmes, qui se traduit par des conséquences plus lourdes en terme d'activité chez les descendantes d'immigrés maghrébins. En somme, ces femmes ont plus tendance que les autres à sortir du marché du travail après une grossesse.

Des emplois plus précaires

Les difficultés que rencontrent les descendants d'immigrés maghrébins pour trouver un emploi, peu importe le sexe, s'observent aussi sur la "qualité" des emplois auxquels ils accèdent. Les descendants maghrébins occupent ainsi plus fréquemment des emplois à durée limitée, CDD, intérimaire, stage (+7 points parmi les femmes, +8 points chez les hommes) ou des postes à temps partiels (+3 points parmi les hommes et +2 chez les femmes) que les personnes sans ascendance migratoire.

Moins de chances d'accéder aux hauts salaires

Si l'on se penche sur les écarts de salaire mesurés entre les hommes sans ascendance migratoire et les descendants d'immigrés, deux tendances émergent. Chez les salaires en dessous du salaire médian, ces écarts s'expliquent encore une fois par les différences de caractéristiques entre les deux groupes. Les chercheurs de l'Insee ont ainsi calculé que si les salariés descendants d'immigrés avaient les mêmes caractéristiques que leurs homologues sans ascendance migratoire, leur salaire médian serait identique. A priori pas de phénomène de discrimination donc. 

En revanche, les écarts salariaux "inexpliqués" au sommet de l'échelle salariale laissent penser qu'un "plafond de verre" pourrait exister pour les hommes descendants d'immigrés maghrébins. Pour illustrer ce phénomène, l'Insee a mesuré les probabilités d'accès à des rangs de salaires. Il n'y aurait alors pas de différences inexpliquées entre les descendants d'immigrés et les personnes sans ascendance migratoire pour des salaires mensuels allant jusqu'aux alentours de 2 500 euros nets mensuels. En revanche, lorsqu'on se projette sur des salaires supérieurs, la probabilité d'accès des descendants d'immigrés maghrébins s'effondre par rapport à celle des hommes sans ascendance migratoire. Ces derniers ont 19% de chances en plus que leurs homologues descendants maghrébins d'atteindre un salaire de 3 000 euros.

Quant aux descendantes d'immigrés maghrébins, elles semblent moins pénalisées que les hommes en termes d'écart de salaires. Les descendantes maghrébines ont 12% de chances en moins que les femmes sans ascendance migratoire d'accéder à un salaire de 3 000 euros. Par ailleurs, le "plafond de verre" observé intervient à des salaires plus élevés que chez les hommes car les femmes accèdent de façon générale moins souvent aux hauts salaires, quelle que soit leur ascendance.

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