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Chômage des jeunes : quel bilan sous le quinquennat de François Hollande ?

François Hollande avait fait de la lutte pour l'emploi des jeunes l'une de ses priorités de campagne. Alors que tombent jeudi soir les derniers chiffres de Pôle Emploi, franceinfo dresse le bilan des dispositifs mis en place.

Article rédigé par franceinfo, Isabelle Raymond
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Un jeune homme en recherche d'emploi (photo d'illustration) (JULIO PELAEZ / MAXPPP)

Il en a fait une condition de sa candidature : l'inversion de la courbe du chômage. Jeudi 24 novembre, Pôle Emploi doit livrer les derniers chiffres du chômage avant que François Hollande ne dévoile ses intentions pour l'élection présidentielle de 2017. Le chef de l'État a jusqu'au 15 décembre pour se déclarer candidat à la primaire de la gauche.

Sur le front de l'emploi, la reprise s'amorce doucement, mais pas suffisamment pour marquer les esprits. Le constat s'applique tout particulièrement aux plus jeunes, une catégorie pourtant choyée en dispositifs et en moyens. Pour analyser les résultats, franceinfo s'est rendu à Trappes, dans les Yvelines, où la mission locale, un bâtiment neuf qui accueille les jeunes de 16 à 25 ans, a bénéficié de tous les dispositifs mis en place sous le quinquennat de François Hollande.

Réapprendre les fondamentaux

Ce matin-là, ils sont une dizaine à participer à un atelier, dans le cadre de la "garantie jeunes", une allocation de 461 euros maximum par mois, soit l'équivalent du RSA, pour une durée d'un an. Tout commence par une formation intensive de quatre semaines, où leur sont enseignés les codes de base pour décrocher une emploi. "On leur propose de revoir les outils, les CV et les lettres de motivation, de faire des simulations d'entretien et d'être en contact avec les employeurs via des forums, des candidatures spontanées, des parrainages, énumère leur conseillère Fatou Canot. À côté, on travaille également autour de tout ce qui concerne la vie sociale, la gestion du budget, la marche à suivre pour faire une demande de logement."

Ces jeunes ont tous un profil similaire : des revenus très faibles, un décrochage scolaire, pas d'emploi, pas de perspectives. "Avant j'étais à la maison et je ne faisais rien, raconte David, un jeune garçon gouailleur de 20 ans, survêtement aux couleurs du PSG sur le dos. Là, je vais peut-être trouver un travail ou une formation, qui pourra m'aider à l'avenir."

Depuis trois semaines, je revois les fondamentaux : la présentation, la façon de s'habiller, de parler... Le savoir-vivre !

David, un jeune chômeur

sur franceinfo

Au terme de ces quatre semaines, David devra décrocher au mieux un emploi, au pire un stage. Tous y parviennent, selon Fatou Canot, qui va rester leur référente tout au long du dispositif : "Ils s'engagent à faire des démarches, à être curieux, ouverts. Ils doivent voir qu'il y a un champ des possibles. Parce que souvent, ils nous disent 'Je n'ai pas de diplôme, pas d'expérience, il n'y a pas de travail pour nous'. Il faut leur dire 'Tu es toi. C'est une base'. Bien sûr, s'il y a un diplôme, c'est mieux. S'il y a de l'expérience, c'est mieux. S'il n'y en a pas, il faut se servir de la 'garantie jeunes'. Je le conçois comme une grosse boîte à outils : le jeune y prend ce qu'il veut, ce qu'il peut, à son rythme."

Les "emplois d'avenir", mieux que les "emplois jeunes" de Lionel Jospin

Donner du temps, c'est aussi l'objectif d'un autre dispositif phare pour lutter contre le chômage des jeunes : les "emplois d'avenir", des contrats aidés largement subventionnés, essentiellement dans les collectivités locales ou les associations. Alors que la "garantie jeunes" représente à terme 150 000 contrats, l'INSEE estime que 300 000 jeunes ont bénéficié des "emplois d'avenir" depuis 2012. 

Certains ont dénoncé le retour des "emplois jeunes" de Lionel Jospin. Non, le dispositif 'emplois d'avenir" est meilleur, répond Anne Nicolas, conseillère à la mission locale de Trappes : "La différence entre les deux, c'est la formation et le suivi que l'on effectue à la mission locale. Cela n'existait pas dans le dispositif du gouvernement Jospin."

En face d'Anne Nicolas, ce matin-là, s'installe Marc. Ce jeune homme vient de passer trois ans en tant qu'informaticien dans les lycées d'Ile-de-France. Mais son contrat avec la région prend fin. Ce travail lui a tout de même permis de valider un diplôme. "Maintenant que j'ai obtenu ce diplôme, ça va mieux", note Marc, même s'il note encore une certaine réticence des employeurs. "À cause de la mauvaise image de Trappes", précise-t-il. 

Au départ, j'ai essuyé beaucoup de refus à cause de mon manque d'expérience et de diplôme

Marc, récent diplômé

sur franceinfo

"Garantie jeunes", "emplois d'avenir" : très coûteux, ces dispositifs permettent à certains de mettre le pied à l'étrier. Sur ce plan-là, François Hollande a tenu sa promesse de ramener vers l'emploi les jeunes qui en étaient le plus éloignés. Mais ces mesures ont-elles vraiment permis de faire baisser le chômage ? La réponse est contrastée, selon Bruno Ducoudré, économiste à l'Office français des conjonctures économiques. "Lorsque l'on met en place des dispositifs qui ciblent les jeunes, on voit que ça marche, reconnaît-il. Par contre, il y a un effet pervers à ces dispositifs qui ciblent une catégorie de personnes : vous changez l'ordre dans la file d'attente. Vous ne créez pas plus d'emplois à court terme."

Ces dispositifs s'appliquent au détriment de ceux qui n'y ont pas accès

Bruno Ducoudré

économiste

À l'arrivée, le chômage des jeunes a augmenté de 0,7% depuis le début du quinquennat de François Hollande. À défaut d'avoir fait significativement baisser le nombre de demandeurs d'emploi, les dispositifs mis en place auront eu le mérite de l'empêcher d'augmenter massivement. 

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