Assurance-chômage : une centaine d'économistes dénoncent l'application de la réforme au 1er octobre
Ils estiment qu'elle va diminuer les droits des chômeurs, dans une tribune publiée dans "Le Monde".
Une centaine d'économistes, dont Thomas Piketty, dénoncent l'entrée en vigueur de la réforme de l'assurance-chômage le 1er octobre, dans une tribune parue dans Le Monde jeudi 30 septembre. Les signataires la jugent "inefficace, injuste et punitive" et ils estiment qu'elle va "fortement diminuer les droits des chômeurs". La réforme, écrivent-ils, va concerner "de très nombreux allocataires de l'assurance-chômage", en particulier ceux ayant eu des périodes d'emploi non contiguës.
Selon une évaluation en avril de l'Unédic, jusqu'à 1,15 million des personnes ouvrant des droits dans l'année suivant l'entrée en vigueur de la réforme toucheraient une allocation mensuelle plus faible (de 17% en moyenne), avec dans le même temps une "durée théorique d'indemnisation" allongée (14 mois en moyenne contre 11 avant la réforme). "La thèse que la dégradation des règles de l'assurance-chômage aurait des effets favorables sur l'emploi est un parti pris idéologique", affirme le texte, également signé par Aurélie Trouvé, porte-parole de l'ONG Attac, ou Henri Sterdyniak, membre des Economistes atterrés.
"Rien ne justifie la mise en œuvre de cette réforme"
"L'effet d'une telle dégradation serait de contraindre les chômeurs à accepter n'importe quel emploi au plus vite, à bas salaire et aux mauvaises conditions de travail, au mépris de l'efficacité économique et sociale", avertissent les auteurs de la tribune. Ils rejettent également "le mythe des emplois vacants non pourvus", mis en avant par le gouvernement et les entreprises, qui rencontrent des difficultés de recrutement. "Pôle emploi comptabilise 300 000 offres d'emploi non pourvues, ce qui est très peu", relèvent-ils, alors que la France compte 5,88 millions de demandeurs d'emplois de catégorie A, B et C.
Les économistes soulignent aussi que, si le chômage n'a pas explosé pendant la crise, il "perdure à un niveau particulièrement élevé". "Rien ne justifie la mise en œuvre de cette réforme. Elle a pour seul objectif de faire des économies – plus de 2 milliards d'euros – au prix d'une augmentation de la pauvreté des chômeurs et de leurs familles", concluent-ils. Le décret durcissant au 1er octobre le calcul de l'allocation-chômage est paru au Journal officiel. Son entrée en vigueur était prévue en juillet, mais avait été repoussée par une décision du Conseil d'Etat, après une première suspension du fait de la crise sanitaire.
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