Assurance chômage : démissionner et toucher une allocation, cette idée qui séduit les patrons et les salariés
Parmi les mesures proposées dans la réforme de l'assurance chômage, dont l'ultime réunion se déroule jeudi, l'intégration des démissionnaires dans l'assurance chômage semble faire l'unanimité.
Les partenaires sociaux se retrouvent jeudi 15 février pour une dernière séance de négociation sur l'assurance chômage. Alors que les discussions bloquent toujours sur la question des contrats courts, une autre mesure proposée par Emmanuel Macron semble, elle, faire l'unanimité chez les patrons comme chez les salariés : l'intégration des démissionnaires dans l'assurance chômage, s'ils ont un projet de reconversion professionnel.
Devenir entrepreneur aujourd'hui, cela signifie souvent occuper un autre emploi en parallèle les premiers mois, voire les premières années, pour joindre les deux bouts. Pour l'instant, Coralie travaille à Disneyland Paris, mais cette jeune femme de 25 ans rêve de monter son entreprise de macarons d'ici fin 2018. "Si, avec mon statut d'entrepreneur, je peux me permettre de vivre avec ce que je gagne, je démissionnerais", indique-t-elle, convaincue qu'il faut avoir une certaine "capacité" financière pour se lancer dans l'auto-entreprenariat. La possibilité de toucher le chômage en cas de démission, séduit forcément Coralie "Ce serait top", lance-t-elle, même si elle peut aussi compter sur ses parents pour l'instant pour le loyer.
En revanche, toucher le chômage, pour Karl, c'est nécessaire. Ce jeune homme de 30 ans monte son entreprise et, selon lui, "en France, c'est quasi-impossible de créer sa société quand on n'a rien du tout et qu'on ne touche pas le RSA." Coralie et Karl sont donc forcément favorables à cette promesse de campagne d'Emmanuel Macron. Cela favoriserait l'entreprenariat selon eux.
Démissions déguisées
Autre avantage de cette mesure : éviter le contournement du système, comme c'est le cas aujourd'hui. Christelle, 35 ans, est en reconversion professionnelle : elle travaillait dans un magasin de prêt-à-porter et s'apprête à suivre une formation de pâtissière. Pour quitter son entreprise, elle n'a pas démissionné car elle aurait alors dû renoncer aux allocations chômage, mais aussi aux formations financées par Pôle emploi. "Je voulais négocier une rupture conventionnelle, raconte-t-elle, sauf que, pour eux, ce n'était pas envisageable. Apparemment, ils en avaient fait trop dans l'année."
S’engage alors un dialogue avec la direction des ressources humaines de son entreprise et "spontanément, ils m'ont proposé de faire un abandon de poste", indique Christelle qui précise que cela "a été organisé". Cela signifie donc, pour Christelle, un licenciement pour faute grave, qui donne droit au chômage. La future pâtissière a donc accepté, malgré la principale contrainte de cette procédure : "Quelque part, il y a écrit que j'ai été renvoyée pour faute grave, rappelle la jeune femme, donc cela ne fait pas très bien dans le dossier professionnel."
"La négociation n'est jamais très équilibrée"
Des démissions déguisées en ruptures conventionnelles sont des procédures qui feraient également courir un risque à l'entreprise. C'est ce qu'affirme Olivier, à la tête de deux start-up, l'une à Paris et l'une à Nevers, dans la Nièvre, et qui emploie une quarantaine de salariés au total. "Énormément de collaborateurs vont aux prud'hommes après, parce qu'il y a toujours des frictions, la négociation n'est jamais très équilibrée, affirme le chef d'entreprise de 40 ans. Quand une personne démissionne, c'est ce qui coûte le moins cher finalement à l'entreprise parce que la personne ne va pas démissionner et après attaquer l'entreprise."
Olivier estime que "si une personne veut partir", il faut "qu'elle puisse partir de manière assez simple et sans forcément rentrer dans une négociation pour avoir des allocations, parce que la rupture conventionnelle, ce n'est que ça aujourd'hui".
Les partenaires sociaux devraient poser des conditions à cette réforme. Par exemple, pour pouvoir prétendre aux indemnités chômage, les démissionnaires devront prouver la solidité de leur futur projet professionnel. Selon les chiffres donnés par l'Unedic mardi aux partenaires sociaux, la mesure d'indemnisation des démissionnaires coûterait 140 à 680 millions d'euros.
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