Portrait du mois : Peggy Martin
Avec un bac+4 en marketing, Peggy Martin décroche à la fin des années 90 le poste de ses rêves. Consultante junior, elle gère des budgets internationaux, mène un travail de terrain et voyage beaucoup. Mais en 2001, la situation se retourne, suite à de graves problèmes de santé. La jeune femme est contrainte de se déplacer avec une canne, parfois en fauteuil roulant, et doit apprendre à se ménager pour éviter les coups de fatigue. "Mon chef souhaitait que je reste, mais j'ai dû démissionner, faute de poste aménagé", constate-t-elle. Avec son brillant CV, Peggy retrouve un nouvel emploi, en phase avec ses compétences.
Quand les préjugés sont les véritables handicaps
Peggy Martin n'éprouve pas le besoin de parler de son handicap lors de l'entretien d'embauche : les fonctions en jeu n'impliquent pas une mobilité importante. Bien que le poste soit compatible avec son état, la jeune femme dérange tout de suite ses collaborateurs : "que peut-on faire avec des bras cassés, m'a lancé un supérieur en réunion, se souvient-elle. J'en suis ressortie détruite". Les impasses se multiplient alors : à l'Anpe (aujourd'hui Pôle emploi), on lui propose des postes de réceptionniste. Ses candidatures à des postes correspondant à son profil débouchent sur des refus. Peggy Martin finit par accepter un travail de secrétaire, mais si éloigné de ses attentes qu'elle le quitte assez vite.
Expériences vécues + convictions = création d'entreprise
Si sa carrière semble momentanément bloquée, elle reste active sur le plan associatif et prépare une licence de sciences humaines à Nantes.C'est là qu'elle découvre Handisup, une association ?uvrant pour l'intégration des étudiants handicapés. "J'ai participé à beaucoup de projets associatifs, mais celui-ci m'a particulièrement marquée, car il s'écarte de toute approche misérabiliste du handicap", explique Peggy. En tant que salariée, puis demandeur d'emploi, Peggy Martin a acquis une vision pragmatique des questions liées au handicap dans l'entreprise. D'autre part, elle pense de plus à plus à se mettre à son compte. Deux motivations qui se conjuguent avec la création d' Handilabel Conseil en 2009, autour d'un concept que la consultante teste depuis 2007 à travers des prestations free-lance. "Les entreprises de plus de 20 personnes doivent compter 6% de salariés handicapés. Mais ces recrutements n'ont de sens que si les équipes sont prêtes à les accueillir. De nombreuses questions de formation, d'accessibilité ou de management se posent par exemple". Pour accompagner ses entreprises clientes, Peggy s'appuie sur un réseau de six experts, ce qui lui permet d'intervenir sur des points aussi divers et spécialisés que l'ergonomie, la psychologie ou les ressources humaines. "Je ne compte pas mes heures, reconnaît-elle. Cependant, mes activités répondent à mes convictions : voilà mon moteur !".
Rédigé par Aurélie DjavadiPublié le 22/03/2010
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