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Les maladies liées au travail sont en forte augmentation en dix ans et sont encore trop souvent non déclarées, selon Santé Publique France

Les médecins du travail constatent une forte augmentation des signalements de maladies liées au travail, plus particulièrement chez les femmes.
Article rédigé par franceinfo - avec France Bleu
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Une femme couchée sur un bureau (illustration). (VANESSA MEYER / MAXPPP)

Les maladies à caractère professionnel sont largement sous-déclarées, selon une synthèse de Santé Publique France* dévoilée mardi 18 avril et qu'a pu consulter France Bleu. Elle révèle qu'"environ 75% des troubles musculo-squelettiques correspondant à un tableau de maladies professionnelles n'ont pas fait l'objet d'une déclaration".

Une pathologie est considérée en France comme d'origine professionnelle si elle est la "conséquence directe de l'exposition d'un travailleur à une nuisance ou si elle résulte des conditions dans lesquelles il exerce son activité professionnelle". Les médecins du travail constatent une forte augmentation des signalements de maladies liées au travail, plus particulièrement chez les femmes. Le taux de signalements était ainsi de 11,4% chez les femmes en 2018 (6,2% en 2007), contre 7,1% chez les hommes (4,9% en 2007).

Les pathologies d'origine professionnelle font encore l'objet d'une sous-déclaration. Près des trois quart des troubles musculo-squelettiques ne sont pas recensés, alerte Santé Publique France. Selon l'organisme, cette sous-déclaration peut s'expliquer par une méconnaissance de la procédure de demande de réparation du salarié (35,4%) ou par un bilan diagnostic insuffisant (28,5%). Dans un cas sur cinq de non-déclaration, la crainte de perdre son emploi est évoquée.

Disparité entre les femmes et les hommes

Les troubles musculo-squelettiques et la souffrance psychique sont les pathologies les plus fréquemment signalées. D'autres maladies liées au travail sont évoquées par les salariés, telles que les irritations, les allergies ou les troubles de l'audition. L'étude de Santé Publique France révèle des disparités entre les femmes et les hommes. Ainsi, près de la moitié des pathologies signalées par les hommes était ainsi des troubles musculo-squelettiques entre 2012 et 2018 (entre 45 à 50% selon les années), et environ un tiers relevait de la souffrance psychique (entre 32 et 39%). Chez les femmes, la souffrance psychique est passée de 42% à 52% entre 2012 et 2018, suivie des troubles musculo-squelettiques qui représentaient à compter de 2013 "environ 40% des pathologies signalées" par les salariées. Santé Publique France appelle donc à une "vigilance accrue, particulièrement chez les femmes" sur la qualité des relations au travail.

Les catégories sociales jouent également sur ces pathologies, indique Santé Publique France. Les ouvrières sont ainsi quatre à onze fois plus touchées que les cadres par les troubles musculo-squelettiques. Chez les hommes, les ouvriers étaient jusqu'à seize fois plus concernés par cette maladie que les cadres en 2015 et en 2017. Le secteur le plus concerné par ces troubles musculo-squelettiques chez les hommes était la construction, tandis que chez les femmes cette pathologie était plus régulièrement observée dans les secteurs du transport, de la santé humaine, de l'action sociale, de l'hébergement et de la restauration. À l'inverse, la prévalence de la souffrance psychique était, selon les années, "trois à six fois plus élevée parmi les cadres que parmi les ouvriers, aussi bien chez les hommes que chez les femmes".

Selon cette étude, ces pathologies sont souvent liées à l'âge. Santé Publique France " confirme l'intérêt particulier qui doit être porté aux travailleurs vieillissants". Elle met en avant "la nécessité d'adapter le travail avec l'avancée de l'âge".

Meilleure prévention nécessaire

L'agence nationale plaide par ailleurs pour une meilleure prévention "globale avec une composante psychosociale". "Il est indispensable de mettre en œuvre des actions de prévention en entreprise afin d'améliorer la qualité des relations au travail, de réduire les contraintes de temps ne laissant que peu de marge de manœuvre aux travailleurs et d'interroger les organisations du travail, afin de les faire évoluer pour éviter les charges accrues de travail", indique Santé Publique France dans ce rapport. Pour l'organisme public, l'attention doit être particulièrement attirée sur la santé mentale des ouvriers.


*Méthodologie : Santé Publique France a étudié les résultats de la surveillance des maladies à caractère professionnel pour la période 2012 à 2018, sur la base des remontées des médecins du travail de sept régions métropolitaines et de deux départements d'Outre-mer. Au total, 1 375 médecins du travail ont participé à ce programme de surveillance des maladies à caractère professionnel entre 2012 et 2018.

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