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Réforme des retraites : quelles sont les limites du régime suédois ?

Le système par points en vigueur en Suède depuis la fin des années 1990 a souvent été cité par Emmanuel Macron comme un modèle inspirant à suivre. La cellule Vrai du faux s’est penchée sur ce régime universel.

Article rédigé par franceinfo - Aude Lambert
Radio France
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Stockholm, image d'illustration, 2013. (JONATHAN NACKSTRAND / AFP)

À plusieurs reprises Emmanuel Macron a vanté le "modèle suédois", pendant la campagne présidentielle ou plus tard, comme lors de la visite du Premier ministre suédois en juillet 2017. Le président parlait alors d'une "véritable source d’inspiration". Une référence au modèle social du pays scandinave et notamment à son système de retraites, un régime universel à la fois par répartition par points et par capitalisation. Il a récemment été vivement critiqué par Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon

Qu'est-ce que le modèle suédois ?

Face au vieillissement de la population et après une grave crise financière, la Suède a mis en place une réforme structurelle de son modèle de retraites. L’objectif était de revenir à l’équilibre financier. Si les principes de la réforme ont été définis en 1991, il a fallu attendre 1998 pour que la majorité des lois soient votées et 2001 pour que sa version définitive soit adoptée. 

Le modèle consiste à épargner des points retraite pendant sa carrière. Une couronne gagnée = un point cotisé, quelle que soit son activité ou son statut. Ainsi, c'est toute la carrière qui compte pour calculer les pensions, et non plus les 15 meilleures années de salaire comme c'était le cas avant 1998. 

Concrétement, le modèle est basé sur trois niveaux. Le premier, c’est le régime principal public, par répartition et pour tous les Suédois, c’est la retraite de base qui fonctionne par points. Ensuite, il y a un régime complémentaire obligatoire par capitalisation pour constituer des fonds de pension. Et enfin un troisième, plus petit, aussi par capitalisation, d’assurance supplémentaire. Le régime public par points ne constitue donc qu’une partie du système des retraites. 

Quelles sont les limites de ce modèle ?

La particularité de ce modèle unifié, c'est que la valeur des points fluctue en fonction de l’espérance de vie de la génération du retraité, de la conjoncture économique du pays (des cotisations collectées), et de l’âge de départ à la retraite. Ainsi, la valeur du point est variable. Il a déjà baissé : -3% en 2010 et -4% en 2011, avant de remonter +3 et +4% les deux années suivantes, puis a rebaissé en 2014.

Autre inconvénient : les carrières hachées ou incomplètes de type temps partiels, les études longues ou arrêts, se retrouvent pénalisées. Des inégalités visibles aussi entre les pensions des femmes et celles des hommes. Les femmes, plus concernées par le temps partiel ou arrêtées pour avoir élevé leurs enfants, touchent en moyenne 600 euros de moins par mois que les hommes.  

Par ailleurs, si le modèle incite à travailler plus longtemps, le taux remplacement a baissé. Les pensions en Suède s’élevaient à 60 % du salaire de fin de carrière en 2000, elles ne représentent en 2018 plus que 53,4 %, selon les chiffres de l’OCDE. Conséquence, pour avoir une retraite correcte certains séniors sont obligés de travailler en complément de leur pension. En parallèle, le taux de pauvreté a bondi de 7,3% en 1991 à 14,9% en 2017 d'après SCB, le Bureau central de la statistique suédois. 

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