L'Open Space : progrès ou enfer ?
De plus en plus d'entreprises adoptent le concept de ?plateau ouvert? pour aménager l'espace de travail. Les bureaux ne sont plus séparés par des murs et les salariés se retrouvent immergés dans la vie en commun. Si l'open space gagne du terrain, comment vivre - ou survivre- la promiscuité entre collègues peut devenir un poids : manque d'intimité, bruits... quel bilan dresser sur l'open space ?
Les ?plus? de l'open space
Le gain de place est réel lorsqu'il s'agit d'abandonner les bureaux individuels : plus de personnes peuvent travailler sur une surface moindre. En réorganisant les locaux, « une meilleure cohésion » s'est établie entre vendeurs, assure Jérémy, employé dans une compagnie d'assurance. « Il y a une bonne ambiance et des instants de détente agréables » , comme si les amitiés se révélaient, permettant à « la journée [de passer] plus vite », tandis que synergie et communication semblent facilitées pour ceux qui fonctionnent en équipe. Travailler ensemble pour travailler mieux : une éthique.
Les ?moins? de l'open space
Pour Pauline, l'open space est une prison sociale. Après dix ans en grande entreprise, elle a démissionné pour pallier la dépression. « Tout le temps, on se sent surveillé », nous dit-elle. Ni pause, ni intimité, ni moment pour se retrouver. De véritables normes de comportement s'imposent : « j'avais peur de m'assoupir ou de rencontrer des yeux étrangers ». Autour d'elle, une centaine d'inconnus, c'est-à-dire cent cerveaux qui bouillonnent, deux cents bras qui s'agitent? Une source de stress et une ambiance de travail difficilement supportable. « L'open space m'a tuer. »
Travail en open space : de Big Brother aux murs invisibles.
Si les cloisons sont tombées, une certaine distance peut subsister entre personnes qui ne s'entendent pas. Silence pesant, solitude encore davantage ressentie, yeux fixés sur sa feuille ou son écran d'ordinateur : l'auto claustration sur le lieu de travail n'est pas loin. De plus, selon Pauline, l'hypocrisie ambiante s'unit quotidiennement aux messages codés et critiques via messages électroniques. Dictature des temps modernes ou incitation à la paranoïa : le mystère reste entier.
Eléonore Dastugue
9 juin 2009
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