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La loi "Territoires zéro chômeur de longue durée" entre en action

Dix territoires ont été choisis fin novembre pour expérimenter la loi "Territoires zéro chômeur de longue durée" pendant cinq ans. Les premières embauches devraient avoir lieu au printemps prochain.

Article rédigé par Guillaume Gaven, franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le projet "Territoires zéro chômeur de longue durée" avait déjà été testé une première fois dans la Nièvre (TARDIVON JEAN-CHRISTOPHE / MAXPPP)

Après son adoption à l'unanimité à l'Assemblée et au Sénat au printemps dernier, la loi "Territoires zéro chômeur de longue durée" entre en action : dix territoires d'expérimentation ont été désignés fin novembre et sont prêts à démarrer le dispositif, a déclaré lundi 5 décembre le fonds d'expérimentation chargé d'amorcer le projet. Les premières embauches sont attendues en début d'année prochaine.

C'est une victoire pour celui qui porte cette idée depuis vingt ans, Patrick Valentin, de l'association ATD-Quart Monde. "Le postulat, c'était que les chômeurs de longue durée sont capables de travailler, explique-t-il, et qu'il y a plus de travail à faire qu'il n'y a de chômeurs de longue durée."

Création de 2 000 emplois payés au moins au smic

À l'époque, Patrick Valentin avait même prévu une solution à la question cruciale de la rémunération de ces chômeurs : "Nous avions dit qu'il suffirait de rassembler tous les revenus qui ne leur seraient plus utiles, puisqu'ils n'en bénéficieront plus, pour les donner à l'entreprise. Cela suffit à assurer l'équilibre." Le projet avait alors capoté, faute de cadre légal. Mais maintenant que le verrou législatif a sauté, les dix territoires retenus sont à même de créer quelques 2 000 emplois en CDI, payés au moins au smic, le salaire minimal interprofessionnel de croissance.

Sauf que le fonctionnement se fait désormais à l'envers. On renverse la table, disent les porteurs du projet. "On part des personnes et on crée l'activité", détaille Laure Descoubès, la future directrice de l'entreprise à but d'emploi de Thiers, dans le Puy-de-Dôme. Et de citer en exemple la réflexion engagée avec la filière forestière : "Tout un travail a été fait au sujet de la valorisation du bois, qui restait sur place et qui n'était pas rentable pour les exploitants. En débouché, on travaille avec la chambre d'agriculture pour remplacer par des plaquettes forestières la paille qui sert de litière aux bovins et aux ovins."

Ne pas faire concurrence à une activité déjà existante

Mais Laure Descoubès ne compte pas s'arrêter là. "On a l'idée de créer un garage social, un lieu ouvert et aux normes que les gens peuvent venir utiliser, explique-t-elle. Cela évitera qu'ils le fassent en bas de chez eux, parce qu'on vise des personnes à faibles ressources qui n'iront jamais chez un garagiste car cela leur coûte trop cher." 

Le seul écueil à éviter, c'est de prendre le travail de quelqu'un : "C'est une vigilance qui doit être absolue", prévient Isabelle Loss, élue de Jouques, dans les Bouches-du-Rhône, pour qui il faut s'assurer "qu'on ne vient pas piquer le travail d'un auto-entrepreneur ou d'une structure."

On a un comité local dans tous les territoires qui a pour mission de s'assurer qu'on crée effectivement des emplois et des activités. Il faut faire extrêmement attention !

Isabelle Loss

élue des Bouches-du-Rhône

Pour autant, la liste des métiers paraît sans fin. Il suffit d'avoir assez d'imagination, résume le porteur du projet, Patrick Valentin : "C'est vraiment de l'interstice par rapport au marché pur et simple. C'est de l'intermédiaire. Et d'ailleurs, certaines personnes peuvent avoir vocation à quitter l'entreprise à but d'emploi et à se débrouiller par elle-même." L'expérimentation, qui démarre dans les prochains jours, doit durer cinq ans, avant de penser à une éventuelle extension à d'autres régions.

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