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Vidéo Congé menstruel à Saint-Ouen : "Qu'on cesse cette souffrance en silence, voire ce déni de souffrance", lance le maire PS Karim Bouamrane

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Article rédigé par franceinfo
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Le congé menstruel expérimenté à partir de lundi à Saint-Ouen aura la forme d'une autorisation spéciale d'absence de deux jours, "formalisée au même titre que les RTT, que les congés enfant malade ou les congés individuels de formation" et sans passage nécessaire par le médecin.

"Qu'on cesse cette souffrance en silence, voire ce déni de souffrance pour une bonne partie des femmes", lance lundi 27 mars sur franceinfo Karim Bouamrane, maire PS de Saint-Ouen-sur-Seine (Seine-Saint-Denis), première ville française à expérimenter un congé menstruel à l'image de ce qui a été instauré en Espagne. Concrètement cela signifie que parmi les agents municipaux, "chaque femme victime de règles douloureuses incapacitantes ou vivant avec l'endométriose" pourront bénéficier "de deux jours de congé", explique Karim Bouamrane. L'édile socialiste espère par ailleurs que les parlementaires et syndicats se saisissent du sujet pour créer "un socle juridique clair" afin que "les petites villes qui n'ont pas les moyens de cette ambition d'égalité femmes-hommes" puissent être protégées juridiquement et financièrement.

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franceinfo : Qu'est-ce qui vous à amener à prendre position sur cette question ?

Karim Bouamrane : Il y a d'abord eu des discussions avec de nombreuses associations féministes depuis des mois, voire des années et puis cette décision prise par l'Espagne, mais aussi Taïwan ou encore le Japon en 1947. Les femmes représentent 50% de la population et la moitié d'entre elles souffre de règles douloureuses ou de règles incapacitantes. Plus de 10% de femmes en âge de procréer vivent avec l'endométriose, une maladie malheureusement peu connue qui a commencé à être enseignée dans le milieu médical, il y a à peine trois ans. À Saint-Ouen, nous avons 2 000 agents, dont 1 200 femmes. Ce qui signifie statistiquement que nous avons entre 500 et 600 femmes victimes de règles douloureuses. On ne pouvait pas ne rien faire. On a donc analysé l'arsenal juridique et l'arsenal financier et on s'est dit qu'on allait mettre en place ce congé menstruel.

Dans votre ville, l'expérimentation débute ce lundi. Quelle forme prendra ce congé menstruel ?

C'est une autorisation spéciale d'absence. Ça veut dire que chaque femme victime de règles douloureuses ou incapacitantes, ou chaque femme vivant avec l'endométriose, va pouvoir bénéficier de deux jours d'absence. Au-delà de l'avancée en termes de qualité de vie au travail, la nouveauté c'est qu'elles n'auront pas l'obligation de passer systématiquement chez le médecin, avec un impact en matière de pouvoir d'achat qui allait jusqu'à un mois de salaire. Le troisième avantage, c'est que ça évite la stigmatisation des responsables et managers. Ce ne sera pas discrétionnaire, ce sera formalisé au même titre que les RTT, que les congés enfant malade ou les congés individuels de formation.

"L'objectif c'est que ça rentre dans les mœurs, que ça ne soit plus tabou, que ça ne soit plus stigmatisant pour les femmes qui subissent des règles douloureuses."

Karim Bouamrane, maire PS de Saint-Ouen-sur-Seine

à franceinfo

Qu'on cesse cette souffrance en silence, voire ce déni de souffrance pour une bonne partie des femmes. Il faut aussi voir l'étape d'après. On va signer une convention avec l'AP-HP pour faire en sorte que l'endométriose soit suivie via des consultations de gynécologues spécifiques. Il faut désormais travailler sur un socle juridique clair pour faire en sorte que toutes les villes, toutes les collectivités territoriales puissent bénéficier de ce congé menstruel qui est une protection juridique et donc financière.

Qui prend en charge ce nouveau coût induit par ce nouveau droit ?

Aujourd'hui, ce sont les villes, d'où l'intérêt d'avoir ce cadre juridique clair pour que toutes les villes qui n'ont pas les moyens de cette ambition d'égalité femmes-hommes, comme les petites communes de moins de 2 500 habitants, soient protégées juridiquement. On a écrit au président de la République, mais j'en appelle aux parlementaires, aux ministres mais aussi aux syndicats. Il faut que ces forces vives intègrent cette mesure.

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