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Réforme du Code du travail : quatre signes qui montrent que les opposants au projet continuent de recruter

La présentation du projet de loi réformant le Code du travail est reportée de quelques semaines, a annoncé Manuel Valls. Le texte provoque de vives contestations. Une pétition a déjà récolté près de 800 000 signatures. 

Article rédigé par Carole Bélingard
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
La ministre du Travail, Myriam El Khomri, et le Premier ministre, Manuel Valls, visitent une agence de Pôle emploi, à Mulhouse (Haut-Rhin), le 22 février 2016. (VINCENT KESSLER / AFP)

Le rejet est massif. Le projet de réforme du Code du travail suscite des mécontentements grandissants. Sur les réseaux sociaux, la mobilisation contre le texte prend de l'ampleur. Une pétition a été lancée vendredi 19 février, battant rapidement un record de participation. 

La ministre du Travail, Myriam El Khomri, poursuit, lundi 29 février, ses consultations avec les organisations syndicales et patronales. Néanmoins, le texte prend du retard. Le projet de loi devait initialement être présenté devant le Conseil des ministres le 9 mars. Manuel Valls a annoncé son report, lundi. En attendant, près de soixante rassemblements contre le projet de loi sont prévus partout en France le 9 mars.

Francetv info rassemble ici les signes qui montrent que la mobilisation pourrait aller bien au-delà de la pétition sur le web.

La pétition bat des records

Dix jours après sa mise en ligne sur la plateforme Change.org par une militante de gauche, la pétition "Loi travail : non merci" a dépassé la barre des 790 000 signataires. C'est déjà la pétition la plus signée en France de l'histoire du site spécialisé. Elle pourrait rapidement atteindre le million de soutiens. Caroline De Haas, à l'initiative du texte, s'en est réjoui sur Twitter.

Devant un tel succès, la ministre du Travail a tenté une contre-offensive en lançant un compte Twitter @LoiTravail.

Myriam El Khomri a également répondu directement aux signataires de la pétition, comme le prévoit le règlement du site. "Cette loi permettra à notre pays de se doter d'une véritable culture du compromis au plus près des salariés et des employeurs (...) et permettra de gagner la bataille de l'emploi", écrit-elle. 

Pendant ce temps, une contre-pétition de soutien à la loi El Khomri a aussi été initiée par Dominique Reynié, élu (Les Républicains) de Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées. Cette contre-pétition est notamment soutenue par Pierre Gattaz, le président du Medef. Mise en ligne vendredi 26 février, elle ne compte à ce jour que 10 000 signatures.

L'intersyndicale se réunit

Sur le front syndical, la riposte s'organise. Neuf syndicats se sont installés autour de la même table, mardi 23 février, à l'initiative de la CGT, pour évoquer la mobilisation contre la réforme du Code du travail. La dernière réunion intersyndicale de ce type remonte à 2013, rappelle France info. Pour le moment, pas d'action commune prévue, mais une autre réunion intersyndicale doit avoir lieu jeudi 3 mars pour déterminer la marche à suivre.

Pour le moment, la CGT a appelé à une journée de manifestation le 31 mars. Elle assure que l'action syndicale est complémentaire de la mobilisation virtuelle. "Je dirais que [cette pétition] conforte nos décisions, ça permet de valider notre réflexion", explique à Rue89 Fabrice Angei, en charge du dossier Droit du travail.

Les mouvements lycéens et étudiants de gauche sont très remontés

Eux comptent bien traduire dans la rue l'élan constaté sur la toile. Une vingtaine d'associations de jeunesse de gauche, dont les syndicats lycéens UNL et FIDL ou encore le syndicat étudiant Unef, appellent à manifester le 9 mars. "On attend que ce gouvernement recule et retire ce projet de loi et, à partir de là, on pourra discuter sereinement de l'avenir professionnel des jeunes", a déclaré, William Martinet, président de l'Unef, sur France 3, dimanche.

Le Mouvement des jeunes socialistes s'insurge également contre le texte. Dans une tribune publiée lundi sur francetv info, leur président, Benjamin Lucas, appelle à "stopper la dérive libérale" du gouvernement. 

Le dernier grand mouvement dans lequel étaient impliqués les jeunes remonte à 2006. Des manifestations d'ampleur avaient eu lieu contre le Contrat première embauche (CPE), obligeant Jacques Chirac à retirer le texte.

Le projet "cristallise les mécontentements"

Mobilisation citoyenne, syndicale, d'une partie de la jeunesse : le projet de réforme du Code de travail symbolise "une exaspération, explique à francetv info François Miquet-Marty, président de l'institut de sondage Viavoice. Ce texte cristallise tous les mécontentements et toutes les angoisses qui se sont accumulés depuis des années. Il ajoute de l'insécurité au sentiment d'insécurité face aux différentes crises. C'est l'opposition entre la France d'en haut et la France d'en bas."

Au vu de ce contexte, la possibilité d'une mobilisation dans la rue est réelle, selon François Miquet-Marty, "même si on ne passe pas mécaniquement d'une pétition à une manifestation". Mais le sondeur constate que les ingrédients sont réunis, car se rejoignent ici le mouvement spontané né sur internet et les relais plus traditionnels de la contestation sociale. Il faudra attendre le 9 mars pour savoir à quel point la mobilisation virtuelle se traduit (ou non) dans les rues. 

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