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Loi Travail : comment une manifestation de lycéens parisiens a viré à la bataille rangée

A Paris, 130 personnes ont été arrêtées lors d'une manifestation des lycéens contre la loi El Khomri.

Article rédigé par Kocila Makdeche
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des jeunes manifestants affrontent les CRS à Paris, mardi 5 avril, pendant une manifestations des lycéens contre le projet de loi Travail.  (RODRIGO AVELLANEDA / AFP)

Il n'aura fallu qu'une vingtaine de minutes pour que la manifestation vire à la bataille rangée. Une centaine de personnes ont affronté les forces de l'ordre, mardi 5 avril, lors d'une mobilisation des lycéens contre la loi Travail, à Paris. Le cortège partait de la place de la Nation pour rejoindre syndicats et étudiants, place de la Bastille. Sur le chemin, 130 personnes ont été arrêtées, selon la préfecture.

Les forces de l'ordre déjà à cran

Les forces de police s'attendaient visiblement à ce que les choses dégénèrent. À peine sortis du métro, Fadlane et ses amis du lycée Lucie-Aubrac de Pantin (Seine-Saint-Denis) sont fouillés. Le bâton de leur drapeau leur est confisqué. "J'ai été fouillé trois fois en quinze minutes. C'est incroyable", s'étonne Fadlane, élève de seconde. 

Le cortège s'élance et 500 mètres plus loin, les premiers projectiles pleuvent. Des bouteilles, des pavés et des petits ballons remplis de peinture blanche et jaune s'abattent sur les boucliers des CRS. "En rang", hurle un gradé, portant veste en cuir et casque. Les esprits s'échauffent et au bout de quelques minutes, l'affrontement commence. Matraques contre panneaux en bois.

Pavés contre lacrymogènes

"Laissez moi partir", implore Laura, terrifiée. La lycéenne de 16 ans s'est retrouvée malgré elle entre deux rangs de CRS. "Tu bouges pas", lui hurle un policier en la pointant avec son tonfa. Voyant la situation dégénérer, une quinzaine de lycéens se réfugient dans un immeuble. Ils sont rapidement délogés.

Certains manifestants, qui laissent sur leur passage des tags ACAB ("All cops are bastards", "Tous les policiers sont des bâtards", en français), sont mieux équipés que d'autres. Derrière une grande pancarte "De Zyed À Rémi, désarmons la police", des jeunes habillés en noir, portent écharpes et lunettes de ski pour affronter sans craintes les gaz lacrymogènes. 

Les forces de l'ordre finissent par charger le cortège pour le couper et ainsi isoler les éléments les plus violents. Ils sont une centaine, encerclés entre les boucliers et un mur. Pour sortir du piège, quelques-uns tentent d'escalader la façade.

"Les camions sont arrivés pour les embarquer"

"Libérez nos camarades", scandent pendant un temps les lycéens. Mais le cortège reprend sa route, sous l'impulsion des policiers, laissant derrière lui la centaine d'individus pris dans la nasse. "Ils vont tous les choper, s'indigne Lou, lycéenne à Paul-Valéry, dans le 12e arrondissement. Les camions sont arrivés pour les embarquer." A côté d'elle, Nathan, élève du lycée Dorian (11e arrondissement), soupire : "On les a laissés, on est des lâches". 

Peu à peu, l'ambiance se détend. Les slogans contre la loi Travail, que l'on avait plus entendus depuis le départ de la manifestation, se font à nouveau entendre. Le cortège rejoint la place de la Bastille, dans une odeur de sandwich merguez. Les sonos crachent les tubes "Motiver" de Zebda et "La jeunesse emmerde le Front national" de Bérurier noir. En rejoignant les syndicats qui avaient appelé à la mobilisation, les lycéens se fondent dans le mouvement. Plus sobre. Et moins violent. 

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