Y a-t-il vraiment un risque de pénurie de carburant ?
"Il n'y aura pas de pénurie", a promis Alain Vidalies. Pourtant, les blocages continuent et environ 1 500 stations sont à sec (ou presque)
Les difficultés d'approvisionnement en carburant persistent, lundi 23 mai, dans certaines stations services. Le gouvernement a pourtant promis de régler la situation. "Il n'y aura pas de pénurie", assure le secrétaire d'Etat aux Transports Alain Vidalies. Pour savoir ce qu'il en est vraiment, francetv info démêle le vrai du faux.
Oui, plusieurs départements en souffrent déjà
Malgré les promesses du gouvernement de "libérer" les dépôts bloqués par des opposants au projet de loi travail, les occupations continuent. Plusieurs centaines de militants CGT ont organisé le blocage du dépôt de carburant de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), dans la nuit de dimanche à lundi.
Au total, six raffineries sur les huit que compte l'Hexagone sont soit à l'arrêt, soit en cours de blocage, selon la CGT pétrole, citée par France Info. Il s'agit des cinq raffineries Total (Gonfreville-l'Orcher, Donges, Grandpuits, Feyzin et Provence-la-Mède) et de la raffinerie Petroineos de Martigues. Résultat, une pénurie totale ou partielle (de certains types de carburant) est constatée dans quelque 1 500 stations sur les 12 000 du pays, selon les chiffres d'Alain Vidalies.
Des départements du nord et de l'ouest du pays subissent déjà un manque (voir la carte ci-dessous). Plusieurs préfectures du Grand-Ouest ont déjà limité à 20 ou 30 litres le volume maximal de carburant pour les véhicules, et à 40 ou 150 litres pour les poids lourds. Dans plusieurs départements du Nord, des arrêtés préfectoraux interdisent de remplir des bidons de carburant.
Oui mais le gouvernement se doit de rassurer
Communiquer sur l'absence de risque d'une pénurie est une réaction nécessaire pour le gouvernement. Il s'agit de tout faire pour éviter un vent de panique avec des automobilistes se ruant vers les pompes à essence. "Parler de pénurie crée la pénurie", a ainsi résumé le ministre des Finances Miche Sapin, lundi sur i-Télé.
Certaines stations-service ont toutefois enregistré une consommation "trois fois supérieure à la moyenne", selon Laurent Michel, directeur général de l'Energie et du Climat, au ministère de l'Environnement. Dans l'ouest, de longues files d'attente se sont formées lundi devant les stations encore ouvertes. Les autorités appellent donc les consommateurs au civisme pour éviter d'accentuer les difficultés.
Non, le gouvernement va faire lever les blocages
"Nous allons continuer à évacuer un certain nombre de sites et notamment les dépôts" de carburant, a promis le Premier ministre Manuel Valls. "Nous allons créer les conditions pour que, dès demain et massivement, ces dépôts puissent refonctionner", a renchéri Alain Vidalies. Dans les cas de blocages par l'extérieur, "nous allons utiliser l'ordre public", a prévenu le secrétaire d'Etat.
Dimanche matin, plusieurs dizaines de CRS ont délogé des dépôts de Dunkerque des manifestants qui les bloquaient depuis jeudi matin. Deux autres ont été débloqués samedi, à Rouen (Seine-Maritime) et Lorient (Morbihan), et un a été "levé spontanément" en Normandie, a indiqué Laurent Michel. Des gendarmes ont également débloqué le dépôt de Cournon-d'Auvergne (Puy-de-Dôme), occupé depuis six jours par des militants de la CGT et de Nuit debout, selon France 3 Auvergne.
Non, la France dispose de stocks stratégiques
En cas de crise, la France dispose de stocks stratégiques de pétrole. L'Agence internationale de l'Energie fixe une réserve minimum qui équivaut à 90 jours d'importation nette ou à 61 jours de consommation moyenne. Mais la France est un écureuil en la matière et prévoit des stocks plus importants que ceux requis par l'AIE.
Ainsi, chaque société qui commercialise du pétrole dans le pays a le devoir de mettre de côté une quantité de carburant équivalent à environ 30% du volume distribué l'année précédente, selon les explications du ministère de l'Environnement. Les réserves de carburant sont réparties dans les différentes régions afin de permettre à chaque territoire de disposer de 10 jours de consommation d'essence et de 15 jours de gazole.
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