"Notre force, c'est d'avoir été mélangés" : le Davos des banlieues met en avant des entrepreneurs des quartiers populaires

Le premier Forum économique des banlieues, organisé à Paris, entend favoriser l'activité des entreprises des quartiers populaires et permettre des rencontres entre grands patrons et entrepreneurs.
Article rédigé par franceinfo - Valentin Bartévian
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Sofiya est à la tête d'un réseau de sept microcrèches dans les Yvelines et dans l'Eure. (DAVOS DES BANLIEUES)

Derrière ses lunettes et son sourire en toutes situations, Sofiya ne cache pas son caractère déterminé. "Je suis tenace et persévérante. Et je suis quelqu'un qui ne lâche pas. Pourtant, ça n'a pas toujours été facile". Elle participe au "Davos des banlieues", organisé mardi 17 et mercredi 18 septembre à Paris. L'événement doit permettre de mettre en lumière des entrepreneurs des quartiers populaires, mais aussi de les mettre en lien avec d'autres partenaires.

"Mon papa était ouvrier, ma mère femme de ménage, détaille cette femme de 51 ans, originaire du Val-Fourré (Yvelines). Je suis la dernière d'une fratrie de sept enfants. Je suis fière de venir des quartiers populaires. Je suis fière d'avoir mes origines, comme je suis fière d'être française", ajoute-t-elle.

Pourtant, tout est loin d'être simple lorsqu'elle débute, avant d'ouvrir sa première crèche, en 2012. "Une des premières difficultés, ça a été les finances, se souvient-elle. J'ai dû emprunter auprès de la famille pour pouvoir monter mon projet. Puis ça a été le réseau."

"Lorsqu'on vient d'un quartier populaire, on n'a pas forcément de réseau, donc on se débrouille."

Sofiya

à franceinfo

Se débrouiller, ça veut surtout dire montrer sa force de caractère. "Notre force ici, c'est qu'on a tous été mélangés. Quand on nous dit 'en banlieue, ils ne sont qu'entre eux', eh bien non. On a grandi avec toutes les communautés et c'est notre force à nous. On a une facilité d'adaptation". Avec une aide de la CAF et du département, elle réussit à convaincre les banques de la suivre dans son projet. "Sans ces subventions, je n'aurais jamais pu créer ma société, explique Sofiya. Parce qu'on demande des cautions, des garanties. Et moi, je n'avais pas tout ça, je n’avais rien".

Faire rêver des nouveaux jeunes

Mais il y a aussi le revers de la médaille. "Quand vous réussissez en quartier, c'est très compliqué aussi. On vous jalouse parce que vous réussissez. Mais bon, on ne lâche pas, on a envie de continuer". Jamais lâcher, voilà sa devise. Aujourd'hui, elle a ouvert sept microcrèches dans les Yvelines et dans l'Eure, avec entre 12 et 13 enfants par structure pour une quarantaine d'employés. Cette maman de deux enfants se bat pour aider les jeunes entrepreneurs de quartiers populaires à lancer leurs activités au-delà des a priori. "Même si effectivement on ne nie pas la violence ou la délinquance qui peuvent exister dans certaines banlieues, on a aussi des chefs d'entreprise qui sont dans l'économie et qui participent au développement économique de la France. Et ces gens-là, j'aimerais bien qu'on en parle à un moment donné".

Pour reconnecter les quartiers avec le monde de l'entreprise, Sofiya sait que le travail est encore long. Elle est responsable de l'association Quartiers d’Affaires des Yvelines dont la mission est de favoriser la croissance des entreprises du territoire et faire rêver des nouveaux jeunes, comme elle, il y a 12 ans.

Des entrepreneurs qui veulent rêver, il y en aura encore plein pour le deuxième jour du "Davos des banlieues", mercredi 18 septembre, au Palais d'Iéna. L'objectif est de récolter 100 millions d'euros de commandes publiques et privées pour les entreprises installées dans les 1 506 quartiers prioritaires de la politique de la Ville.

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