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Où gagne-t-on le mieux sa vie en France ?

Les lieux communs veulent que la population est plus riche à Paris qu'en province, plus aisée en ville qu'à la campagne... Mais la réalité est plus complexe.

Article rédigé par franceinfo - Paul de Coustin
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  (FUSE / GETTY IMAGES)

Dis-moi où tu habites, je te dirai combien tu gagnes. En comparant la moyenne des salaires, ou le revenu médian (le salaire tel que la moitié des Français gagne moins et l'autre moitié gagne plus), on constate de nombreuses inégalités salariales en France. A partir des chiffres de l'Insee et de conclusions de l'Observatoire des inégalités, voici un aperçu de ces disparités territoriales.

Revenus des villes et revenus des champs

En moyenne au niveau national, les salaires médians sont plus élevés en ville. Cela signifie qu'en ville, la personne médiante (qui sépare donc la population en deux) gagne 19 200 euros annuels, soit 400 euros de plus que la même personne à la campagne. Mais au cas par cas, la situation peut être différente. Dans près de la moitié des régions (Champagne-Ardenne, Ile-de-France, Haute-Normandie notamment), le niveau de vie des ruraux dépasse celui des urbains. Dans une autre moitié, c'est l'inverse (Aquitaine, Limousin, Midi-Pyrénées, par exemple). Selon les régions et les situations, le rapport entre ville et campagne varie.

Les villes constituent elles-mêmes des milieux très inégalitaires. Les centres-villes concentrent généralement les personnes aux revenus les plus élevés. Les quartiers environnants accueillent parfois des personnes au niveau de vie bien inférieur que l'on trouve notamment dans les quartiers d'habitat social. En général toutefois, les personnes aux revenus les plus faibles vivent dans le monde rural "éloigné et vieillissant".

"Le monde rural dispose en moyenne de revenus inférieurs, mais les taux de pauvreté y sont moins élevés", expliquait l'Observatoire des inégalités dans un article en février 2013. Mais certaines régions de campagne concentrent beaucoup d'habitants très pauvres comme l'Auvergne, le Limousin et la Bretagne ou la pauvreté rurale est bien plus marquée qu'en ville. Cette différence s'explique notamment parce que ces régions comprennent plus de faibles revenus car elles concentrent des populations d'agriculteurs âgés avec des pensions de retraite très faibles.

Entre les deux, l'espace périurbain rassemble un grand nombre de classes moyennes. C'est dans cet espace pavillonnaire que les salaires sont, en moyenne et au niveau national, les plus élevés. Le niveau de vie moyen de l'espace périurbain s'élève à 19 700 euros, contre 19 300 dans les grands pôles urbains, soit un écart moyen de 2%, similaire à celui qui existe entre la ville et la campagne au niveau national. "La France 'périphérique' ou pavillonnaire compte beaucoup moins de pauvres et d'inégalités que les centres-villes, entre leurs quartiers huppés et leur périphérie proche", rapporte encore l'Observatoire des inégalités.

Richesse, pauvreté... l'Ile-de-France bat tous les records

L'Ile-de-France est la région des extrêmes. Un ménage sur deux y déclare des revenus fiscaux supérieurs à 1 816 euros par mois, ce qui est le revenu médian le plus élevé de France métropolitaine. Du fait de ces revenus plus élevés, sept ménages franciliens sur dix sont imposables contre moins de six sur dix en province. Les populations aisées d'Ile-de-France sont donc les plus aisées de France.

En revanche, avec des revenus de 547 euros par mois, les revenus des 10% les plus pauvres de cette région sont parmi les plus faibles. Ce qui fait de l'Ile-de-France la région la plus inégalitaire de France. Si l'on s'intéresse à la ville de Paris, on remarque que le revenu des ménages les plus aisés est le plus élevé de France métropolitaine ; mais le revenu des ménages les plus modestes y est le plus faible de la région après celui de la Seine-Saint-Denis.

Autre particularité de la région, le salaire des cadres. Cette catégorie de salariés gagne en moyenne beaucoup plus d'argent dans la région Ile-de-France qu'ailleurs en France. Dans cette région, les cadres percevaient en 2010 un salaire net annuel moyen de 53 490 euros contre 39 630 en Languedoc-Roussillon, par exemple. Pour l'ensemble des salariés, l'Ile-de-France est en tête (31 960 euros) loin devant la Bretagne (21 700 euros). Selon le dernier rapport "Emploi et salaires" de l'Insee, qui porte sur les chiffres de l'année 2010, "les régions où le salaire moyen est le plus faible sont celles où les cadres sont les moins nombreux, comme le Poitou-Charentes, le Limousin, ou la Basse-Normandie".

Des villes plus ou moins (in)égalitaires

Neuilly-sur-Seine est la ville la plus inégalitaire de France. C'est la conclusion de l'Observatoire des inégalités, qui a mené une étude en partenariat avec le Compas, un bureau d'étude spécialiste des données sociales locales, présentée en mars 2014. Elle compare les revenus 2010 dans les villes de plus de 10 000 habitants à partir du coefficient de Gini. Plus le coefficient (contenu entre 0 et 1) est élevé, plus une ville est inégalitaire. Ainsi, la ville des Hauts-de-Seine obtient un coefficient de 0,53 alors que le coefficient moyen en France est de 0,38. Au contraire, la ville la plus égalitaire de France est Plouzané, commune de 11 000 habitants dans le Finistère, avec un coefficient de 0,26.

L'étude en tire plusieurs enseignements. Premièrement, plus une ville est grande, plus elle est inégalitaire. Parmi les 50 villes les plus égalitaires, seules deux font plus de 30 000 habitants (Montigny-le-Bretonneux en banlieue parisienne et Rezé près de Nantes). Au contraire, dans les villes les plus inégalitaires, on trouve peu de petites villes et celles que l'on trouvent sont de riches villes de l'Ouest parisien (Le Vésinet, Saint-Cloud), où les inégalités sont accentuées du fait des très hauts revenus de la majorité de ces habitants.

Dans le "top 3" de l'Observatoires des inégalités, on trouve des villes comme Neuilly donc, Le Vésinet (Yvelines) et Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), qui ont des revenus moyens très élevés. Au contraire, dans des villes comme Le Grand-Quevilly (Seine-Maritime), Gerzat (Puy-de-Dôme) ou Trélazé (Maine-et-Loire), les revenus médians sont plus modestes donc les inégalités assez faibles.

Le niveau de vie au top en Rhône-Alpes, Alsace et Ile-de-France

"Un univers sépare Le Vésinet de Maubeuge", conclut l'Observatoire des inégalités. Cette phrase, qui ne préjuge pas de la qualité de vie dans ces deux communes, indique bien que les situations dans les villes de France sont très variables. Si les revenus y sont très différents, les niveaux de vie varient également. Le niveau de vie moyen correspond aux revenus déclarés (salaires, retraite, revenus du patrimoine, indemnités de chômage…) et aux prestations sociales reçues nets des prélèvements obligatoires. En France, le niveau de vie annuel moyen est de 23 255 euros selon les chiffres de l'Insee. Mais seules les régions Rhône-Alpes (23 951), l'Alsace (24 045) et le mastodonte Ile-de-France (27 566) se situent au-dessus de cette moyenne.

L'Ile-de-France pèse d'ailleurs considérablement. Le niveau de vie moyen de la France de province, c'est-à-dire la France métropolitaine moins l'Ile-de-France, est de 22 252 euros. Si les salaires sont bien plus conséquents dans cette région, le coût de la vie y est également bien plus élevé qu'ailleurs.

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