Déficit budgétaire : "Ce n'est pas aux collectivités territoriales de venir compenser cette mauvaise gestion", prévient le vice-président de l’Association des maires de France (AMF)

André Laignel, vice-président de l’Association des maires de France (AMF), a réagi vendredi à la possibilité que les collectivités territoriales participent à l'effort pour réduire le déficit de l’État.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
André Laignel, vice-président de l’Association des maires de France (AMF). (LUDOVIC MARIN / AFP)

"Ce n'est pas aux collectivités territoriales de venir compenser cette mauvaise gestion", a estimé vendredi 29 mars sur franceinfo André Laignel, vice-président de l’Association des maires de France (AMF), alors que des coupes budgétaires pourraient être réalisées auprès des collectivités territoriales. Le gouvernement cherche à faire 10 milliards d’économies pour faire face au déficit de l’État. "Nous sommes tous dans le même bateau", a déclaré jeudi Gabriel Attal lors des questions d’actualité au gouvernement au Sénat.

"Ce n'est pas en nous affaiblissant, en nous appauvrissant qu'on réglera les problèmes financiers de la France", a réagi André Laignel qui est également maire d’Issoudun (Indre). "Il ne me paraît pas logique, quand l'État gère mal, que ce soit les collectivités locales qui gèrent mieux, qui deviennent la variable d'ajustement et les sous-traitants de l'État", a-t-il ajouté. En réduisant le budget des collectivités territoriales, "l’investissement des collectivités, qui représente 70% des investissements publics civils dans notre pays, va être mis en cause", explique-t-il. "Nous allons contribuer à une régression de l'économie nationale alors que nous pouvons être au contraire un levier", a-t-il affirmé.

"Nous sommes le bouclier social sur le terrain"

André Laignel met en garde le gouvernement : "Nous sommes le bouclier social, l'amortisseur social sur le terrain. Les communes sont essentielles à la paix civile dans notre pays quand on sait les difficultés, la poudrière qu'est notre pays aujourd'hui. Vouloir affaiblir cette capacité de répondre aux attentes de nos concitoyens, de consolider nos services publics locaux, ce serait un contresens absolu", a-t-il estimé.

Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a appelé à "un effort collectif" de l'État, des collectivités locales lors d’un discours jeudi à l’université Paris-Dauphine. "Qu'il y ait pression, c'est incontestable, mais elle est totalement infondée", selon André Laignel. Il a rappelé que les collectivités doivent voter leur budget à l'équilibre et que, par ailleurs, de 2014 à 2024, leurs contributions "en euros constants, c'est plus de 70 milliards. Je crois que nous avons fait notre devoir. Aujourd'hui, si l'État a été inconséquent, il revient à l'État de trouver les solutions", a-t-il expliqué.

"En 2022, on dégage 4,8 milliards d'euros de positif"

André Laignel s’inquiète d’autant plus que l’Insee prévoit en 2023 un déficit pour les collectivités territoriales : "Ce qui n'est pas arrivé depuis des années et des années. En 2022, on dégage 4,8 milliards d'euros de positif. Nous aidions au contraire la France à être moins atone par le déficit", dit-il.

Le maire accuse le gouvernement : "Cela est le résultat d'une insincérité budgétaire. On ne me fera pas croire qu'en décembre, Bercy ne savait pas qu’il y avait des difficultés majeures pour le budget de l'État". Après avoir voté par un 49.3, "ils nous disent qu’on vous reprend déjà 10 milliards. Ce n'est pas raisonnable, c'est de la mauvaise gestion", dit-il.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.