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Croissance : la France est-elle vraiment "l'homme malade" de l'Europe ?

Alors que tous les signaux sont au rouge dans l'Hexagone, la reprise économique s'amorce chez certains de nos voisins. 

Article rédigé par Louis Boy
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
François Hollande lors d'un sommet de l'Union européenne, à Bruxelles (Belgique), concernant la crise ukrainienne, le 6 mars 2014.  (WIKTOR DABKOWSKI / AFP)

Relancer la machine, vite. François Hollande a annoncé mercredi 20 août une nouvelle série de mesures pour tenter de sortir la France du marasme. Projet de loi sur le pouvoir d'achat, geste fiscal pour les revenus modestes... Le temps presse pour l'exécutif : au deuxième trimestre 2014, la France a de nouveau affiché une croissance nulle, comme au trimestre précédent, loin des 2% prévus par François Hollande lors de la campagne présidentielle en 2012.

Une stagnation qui prête le flanc aux critiques, venues de la gauche comme de la droite. D'autant plus que certains de nos voisins européens semblent, eux, avoir trouvé la bonne recette puisqu'ils affichent à nouveau des taux de croissance positifs. La France est-elle devenue, comme l'affirment certains médias et économistes, "l'homme malade" de l'Europe ? Francetv info apporte quelques éléments de réponse.

Un élève médiocre mais pas un cancre

Si l'on prend la zone euro comme référence, la France est tout juste dans la moyenne. A l'image de l'Hexagone, elle affiche elle aussi une croissance nulle au deuxième trimestre 2014, après une hausse de 0,2% sur les trois premiers mois de l'année. Et la France est loin d'être le plus mauvais élève de l'UE : au 1er trimestre, selon l'office européen de statistiques Eurostat - qui n'a pas encore publié la croissance de tous ces pays pour le 2e trimestre -, cet honneur revenait aux Pays-Bas, avec un PIB en baisse de -1,4%. Sept pays d'Europe affichaient alors une croissance négative.

Mais certains de nos voisins ont réussi à faire repartir durablement leur PIB à la hausse. C'est le cas du Royaume-Uni, qui affiche une croissance à peu près constante depuis 2013. Avec 0,8%, il bénéficie même de la plus forte progression au sein de l'UE au 2e trimestre 2014. Trois pays durement touchés par la crise sont aussi parvenus à se sortir de la récession : l'Espagne, le Portugal (tous deux +0,6% au 2e trimestre) et l'Irlande (+2,7% au 1er trimestre). De quoi faire des envieux en France, mais aussi en Italie ou même en Allemagne, où la croissance est négative, selon les derniers chiffres d'Eurostat.

Une reprise à relativiser chez nos voisins

Si l'on observe l'évolution du PIB depuis les années précédant la crise, le récent retournement de situation en Espagne est flagrant, de même que l'accélération de la croissance britannique, tandis que la France semble stagner depuis 2011.


Mais ces soudaines remontées sont à relativiser. Ainsi, le Royaume-Uni "revient deloin", explique Slavena Nazarova, économiste au Crédit agricole. "Son PIB vient de retrouver, ce trimestre, son niveau de 2008, avant la crise." Un cap que la France a atteint au premier trimestre 2011.

Reste que la croissance britannique a de quoi aujourd'hui faire pâlir de jalousie l'Elysée. Comment Londres a réussi à inverser la vapeur ? Outre des coupes budgétaires drastiques, le Royaume-Uni assume une politique en faveur des investisseurs : l'impôt sur les sociétés a diminué, la tranche supérieure de l'impôt sur le revenu également. La Bank of England a aussi joué son rôle : en prêtant à bas coût aux banques privées, elle a relancé le crédit aux entreprises et aux ménages.

Les économies portugaises et espagnoles bénéficient, elles, de leur compétitivité. Les usines espagnoles raflent des commandes à leurs concurrents européens, souligne une spécialiste des questions économiques de la banque Allianz dans les Echos. Mais le redressement s'est fait au prix de nombreux sacrifices (gel des salaires, assouplissement des conditions de licenciement...), qui ont permis la baisse du coût de la main d'œuvre. Et malgré une croissance qui repart à la hausse, aujourd'hui encore, le chômage atteint près de 15% au Portugal et plus de 25% en Espagne. L'Irlande, elle aussi, s'est serré la ceinture. Reste que ces rétablissements sont fragiles. Enfin, ces trois pays traînent comme un boulet une dette publique qui égale - en Espagne -, voire dépasse - au Portugal et en Irlande - leur PIB. Comme la France, ils doivent encore maintenir ce difficile équilibre entre relance et économies.

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