Crise financière : quand le malheur des uns fait le bonheur des autres ?
Barclays versera 1,0 milliard de livres ou 1,75 milliard de dollars (ou 1,26 milliard d'euros) au total, mais cette somme concerne surtout le rachat du siège de Lehman à New York et celui de deux centres de données tandis que le rachat des activités de banque d'investissement et marchés de capitaux de Lehman en Amérique du Nord ne représente que 140 millions de livres (250 millions de dollars). Voilà qui donne à la banque britannique une présence significative aux Etats-Unis avec des opérations dans l'obligataire, les ventes d'actions, le trading et l'analyse financière, auxquelles s'ajoutent toutes les activités de banque d'affaires.
La Bourse a salué l'opération dans un premier temps avant de marquer ses doutes. L'action Barclays, qui a un moment gagné 10%, reculait ensuite de 1,14% dans un marché qui s'est aussi retourné à la baisse (-0,7%). L'opération devrait permettre de retenir une partie des clients de Lehman, qui fuient en masse la banque à la suite de sa faillite, la plus importante de l'histoire financière américaine. L'opération doit d'abord être approuvée par le tribunal des faillites de New York et peut échouer si elle n'est pas conclue définitivement d'ici au 24 septembre.
Barclays indique que certains de ses actionnaires ont exprimé leur souhait d'augmenter leur participation pour montrer leur soutien à l'opération, ce qui devrait se traduire par une augmentation de capital réservée d'au moins 600 millions de livres dont les détails seront annoncés ultérieurement. La Qatar Investment Authority, qui détient environ 8% de Barclays, a fait savoir mercredi matin qu'elle n'avait pas encore discuté de cette éventualité.
Le rachat d'actifs de Lehman ne fait toutefois pas l'unanimité. Avant l'annonce officielle, un des 15 plus gros actionnaires de Barclays, sous condition d'anonymat, s'était interrogé sur l'opportunité d'une telle opération dans le climat actuel. "Barclays n'a-t-elle pas mieux à faire avec ses capitaux ? Je ne pense pas que nous soyons dans un contexte où les banquiers doivent faire preuve de courage", a-t-il déclaré.
Barclays avait participé aux négociations marathon menées ce week-end pour sauver Lehman, mais avait renoncé après le refus des autorités américaines de garantir l'activité de trading obligataire de la banque. Cela avait déclenché le dépôt de bilan de Lehman et une onde de choc sur les marchés financiers mondiaux auxquels se rappelait une nouvelle fois la crise du crédit née il y a plus d'un an de l'effondrement des subprimes aux Etats-Unis.
Caroline Caldier avec agences
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.